La parole à nos voisins Jules et Richard

Mise à jour du 19 septembre 2023 :
À la suite de la réunion publique organisée par l’association « Sauvons Jules et Richard » et face à l’absence de toute réponse de la Mairie, que ce soit à la lettre ouverte du 31 juillet, à la pétition (qui vient de dépasser les 5000 signatures), aux multiples échos dans la presse ou à l’action juridique (un recours en excès de pouvoir porté par France Nature Environnement Paris), les défenseurs des squares appellent à un rassemblement sur le parvis de la Mairie du 11e (place Voltaire/Léon Blum) avant le prochain Conseil d’arrondissement : le lundi 25 septembre, à 17h30.

Les projets de la Mairie de Paris décidés sans nous, mais qui promettent de bouleverser notre cadre de vie au mépris de l’intérêt général, ne se bornent pas au bitume que nous verrons bientôt se déverser sur les pavés de la rue du Fbg du Temple entre l’avenue Parmentier et le boulevard Jules-Ferry. La politique du tout aux fêtards (JO obligent) tournera à gauche au carrefour et ira de mal en pis. Nous reproduisons ci-dessous la lettre ouverte que la nouvelle association « Sauvons Jules et Richard » vient d’adresser à Mme Hidalgo qui, craignant en 2020 la sanction de ses voisins du 15e arrondissement, a eu la fâcheuse idée de se présenter au suffrage dans le 11e.

L’association, qui a également lancé une pétition sur change.org (https://www.change.org/p/sauvons-les-4-squares-de-la-promenade-richard-lenoir-à-paris-sauvonsles4squaresdelapromenaderichardlenoir), demande à ceux qui soutiennent son action d‘afficher cette lettre dans le hall de leur immeuble et/ou les vitrines des rez-de-chaussée, et informe par ailleurs que :

« 2°) Après avoir constaté qu’une « Déclaration de Travaux » (DT) pour la dépose partielle des grilles des squares avait été affichée, vers la mi-juillet probablement (bien que datée du 22 mai), nous avons contacté un avocat, spécialisé dans les questions d’urbanisme, et un recours contre cette DT va être très prochainement déposé, afin d’empêcher ces travaux, dont les conséquences seraient irrémédiables notamment pour les haies qui y sont étroitement mêlées.

Pour ceux et celles qui sont à Paris en ce mois d’août, nous vous appelons à rester vigilants sur toute modification que vous constateriez, dans les squares ou alentour (nouveaux affichages, officiels ou autres, travaux entrepris, …). Merci de nous en prévenir (en écrivant à sauvonsjulesetrichard at gmail.com). 

3°) Nous comptons également demander un classement des grilles basses, des grilles d’arbre, des rambardes des passerelles, etc. auprès de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC).

4°) Nous organiserons, fin août ou début septembre, une réunion publique d’information sur l’ensemble de ces démarches. Nous y convierons des associations riveraines qui partagent notre point de vue. Nous vous en ferons part dès que la date et le lieu seront établis (probablement à proximité du Bd Richard-Lenoir). 

5°) Nous vous appelons également à vous mobiliser avec nous, dans la 2ème quinzaine du mois d’août, pour aller voir les commerçants et artisans de nos quartiers, les informer et les appeler à notre réunion publique. Merci de nous écrire pour nous donner vos disponibilités. »

Mise à jour du 14 octobre 2023 :

L’association nous écrit :

Nous avons rencontré hier, vendredi 13 octobre, François VAUGLIN, maire du 11e arrondissement. 

Christine NEDELEC et Yves CONTASSOT de France Nature Environnement Paris étaient à nos côtés pour cette rencontre. Étaient également présents des membres de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). Du côté de la mairie, Jonathan SOREL, conseiller [1] auprès d’Anne HIDALGO, maire de Paris et Florent HUBERT, adjoint au maire du 11e étaient là aussi. Raphaël DUCHEYRON représentait une association d’habitants favorables au projet de la Mairie.

Notre objectif était d’éclaircir la situation après des déclarations assez floues de la part de la mairie concernant le projet d’aménagement des boulevards Richard-Lenoir et Jules-Ferry.

Si la maire de Paris, par l’intermédiaire de Jonathan SOREL, s’accroche toujours à son projet de Grande promenade de l’Est parisien, il a cependant convenu avec François VAUGLIN que notre recours juridique auprès du tribunal administratif de Paris avait porté ses fruits. Tous les travaux sur ces deux boulevards sont suspendus et reportés en 2025 à l’exception :

  • du déplacement de la stèle commémorative de l’attentat du Bataclan ;
  • de la réfection des pieds d’arbres et du dallage sur la zone du Marché Popincourt ;
  • de la mise en place d’une vélorue rue du Faubourg du Temple ;
  • de l’aménagement de la placette en bout des rues de la Fontaine-au-Roi et de la Folie-Méricourt, carrefour avec la rue du Faubourg du Temple.

Objectif n°1 : nous avons donc obtenu la sauvegarde des haies latérales [2] et un moratoire de fait sur la dépose des grilles des 4 squares des 2 boulevards. 

La présence de la LPO invitée à cette discussion et l’engagement du maire du 11e concernant le respect de toutes les règles de droit par ses services nous poussent à penser que des études préalables seront menées durant la phase qui s’ouvre à partir de maintenant. 

Nous avons également obtenu l’engagement de nous fournir les plans que nous avons demandés : plan des projets d’aménagement et plan des sous-sols de façade à façade. Nous avons également obtenu la communication des études -ou pseudo-études- de report de circulation sur le quartier. Nous avons enfin obtenu la saisine de la mission régionale d’autorité environnementale (MRAe) afin d’avoir une étude d’impact environnemental du projet.Objectif n°2 : nous sommes assez confiants sur la réalisation d’études préalables réglementaires.

Enfin, François VAUGLIN s’est engagé à entamer une vraie concertation avec les associations, les conseils de quartiers et les habitants sous l’égide d’un garant et l’accompagnement d’un bureau d’études en cours de désignation. Une méthodologie sera mise en place et un calendrier nous sera communiqué prochainement. 
Objectif n°3 : nous obtenons une réelle concertation pour la suite du projet avec la nomination d’un garant.

En conclusion, c’est grâce à notre mobilisation à tous que nous gagnons cette première manche.

Toutefois, le combat n’est pas terminé. La mairie centrale n’a pas complètement abandonné son projet même si elle semble céder sur certains points à la marge.

S’ouvre maintenant une phase où nous devrons être vigilants sur le respect des engagements pris par la mairie.S’ouvre également une phase où nous allons tenter de coconstruire avec la mairie un nouveau projet plus respectueux de l’avis des riverains, tout en tenant compte des défis environnementaux qui s’imposent à tous.

En attendant et pour maintenir la pression, continuez à parler du projet et à faire signer la pétition en ligne autour de vous, elle doit atteindre les 7500 signatures ! 

Bravo aux résistants !

(Sainte-)MARTHE ATTAQUE

Nous avons plusieurs fois déjà rendu compte de la lutte des artistes et artisans du quartier Sainte-Marthe pour défendre les ateliers à loyer abordable qu’ils occupent, pour certains, depuis plus de trente ans. Depuis décembre 2021, la Mairie dispose d’une enveloppe de 5 M€ pour mettre en place dans le quartier un parc de locaux d’activité à loyer modéré destinés à l’art, à l’artisanat et à l’ESS. On dit que deux petits locaux auraient d’ores et déjà été préemptés — mais cela s’est fait sans lien avec la mobilisation des acteurs de terrain. Le promoteur continue à pousser les artistes et artisans locataires de longue date vers la sortie pour poursuivre la gentrification des rez-de-chaussée (dernier arrivé : un « coaching en body-tec » !), tandis que l’épicerie solidaire du quartier cherche en vain un local. La librairie Cariño et le restaurant associatif La Nouvelle Rôtisserie, locataires des bailleurs sociaux, sont eux-mêmes en grande difficulté, étranglés par des loyers mal adaptés à leur activité… et la Mairie a bien l’air de laisser faire. Pour essayer de changer la donne, l’association OCBaux a décidé d’intenter une action en justice. Son petit pavé dans la mare pourra-t-il arrêter le rouleau compresseur ? Qui sait ce que les étoiles réservent au quartier… En tout cas, les visiteurs de la 34e édition des Portes Ouvertes des ateliers d’artistes de Belleville (du 1er au 4 juin 2023) qui s’y aventurent seront accueillis par une image :

un slogan :

et trois panneaux où tout s’explique :

SAINTE-MARTHE – LE QUARTIER

années 1860 : construction par le comte de Madre, entre la rue du Buisson Saint-Louis et la rue de la Chopinette (Sambre-et-Meuse), d’une des premières cités ouvrières de Paris pour loger la main-d’œuvre des chantiers haussmanniens.

1942-1986 : les 50 immeubles des rues Sainte-Marthe et de Loos (Jean-et-Marie-Moinon) sont vendus par adjudication à une société anonyme à actionnariat familial (la Société immobilière de Normandie – SIN). Mal entretenus, ils continueront jusqu’aux années 1960 à abriter une population très modeste d’ouvriers, de commerçants et d’artisans. Arriveront ensuite les ateliers de confection, puis, à partir des années 1980, les artistes et artisans d’art, attirés par les loyers abordables, qui doteront les rues de leur décor original aux façades colorées, vite devenues emblématiques. Pourtant, le quartier est finalement déclaré insalubre et menacé de démolition.

1986-1995 : la partie est (rues du Chalet et du Buisson Saint-Louis, passages Hébrard et du Buisson Saint-Louis) change de face dans une opération de « rénovation » (démolition-reconstruction) décrétée par la Ville sans dialogue avec les habitants ; les « taudis » (logement social de fait) font place à des HLM.

1992-2010 : la mobilisation des habitants et des associations (Saint-Louis Sainte-Marthe et Les Quatre Horizons), s’appuyant sur l’expérience de la Bellevilleuse, sauve in extremis de la destruction les rues Sainte-Marthe et Moinon. Près de 20 M€ seront investis par la Ville et l’État au cours de plusieurs opérations programmées d’amélioration de l’habitat (OPAH) successives pour consolider le sous-sol et réhabiliter le bâti. La convention signée entre la Ville de Paris, l’État et l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) garantit le maintien des habitants dans leurs logements mais n’impose aucune contrepartie aux propriétaires bailleurs bénéficiaires de la manne publique et laisse les locaux d’activité en rez-de-chaussée entièrement de côté. L’espoir d’un rachat du patrimoine de la SIN par la Ville, envisagé un temps au terme de la dernière OPAH, sera rapidement déçu.

2014-2020 : le prix du foncier est multiplié par deux ; la Ville choisit de ne pas user de son droit de préemption renforcé (DPUR) ; la gentrification est en marche.

2018 : la SIN refuse des demandes de renouvellement de baux et, contrairement à son habitude jusque-là, assigne plusieurs artistes et artisans en justice pour arriérés de loyer ; les bruits de vente de la société, se concrétisant à partir de l’automne, réveillent la mobilisation du quartier ; une nouvelle association (OCBaux) est créée, réunissant artistes, artisans et habitants, pour défendre les ateliers.

août 2019 : le peintre Philippe Andrieu (8 rue Sainte-Marthe), créateur des enseignes personnalisées et figure tutélaire du quartier, lassé par les menaces d’expulsion, jette l’éponge. Son départ ne sera que le premier de toute une série.

automne 2019 : à l’insu des citoyens comme des élus, la totalité des actions de la SIN sont cédées à la société Edmond Coignet, spécialisée dans la valorisation immobilière. La nature de la transaction exclut toute préemption. La réorganisation de la SIN en SAS dans le giron d’Edmond Coignet promet une transformation brutale de nos rues, où des dizaines de locaux d’activité, pour beaucoup laissés intentionnellement vacants depuis dix ans ou plus, sont concernés par la transaction.

depuis 2019 : les façades et enseignes personalisées disparaissent l’une après l’autre ; les locaux vides sont sommairement « réhabilités » et loués, à des prix de deux à trois fois supérieurs à ceux payés par les locataires plus anciens, à des commerçants dont les produits ciblent une clientèle gentrifiée, tandis que neuf artistes et artisans sont évincés de leurs ateliers, propriété de la SIN (qui a refusé tout moratoire de loyer pendant la parenthèse du Covid). Ceux qui résistent encore sont en butte à des augmentations de loyer abusives et à d’autres formes de harcèlement. Le restaurant associatif La Nouvelle Rôtisserie et la librairie Cariño (la seule du quartier), locataires des bailleurs sociaux de la Ville (qui alignent leurs loyers sur le privé) sont eux aussi en grande fragilité.

avril 2022-mars 2023 : préemption de deux premiers locaux (dont, semble-t-il, un logement) grâce au projet « De la diversité commerciale et artisanale dans nos quartiers », lauréat du Budget participatif 2021 ; à regretter, les aléas de la communication entre l’Hôtel de Ville et la Mairie du 10e et l’absence de coordination avec les acteurs de terrain ; nous ignorons toujours de quels locaux au juste il s’agit.

SAINTE-MARTHE – LA MOBILISATION

octobre 2019 : lancement sur change.org d’une pétition (« Préservons Sainte-Marthe, quartier populaire d’art et d’artisanat ») qui recueillera, en ligne et sur papier, près de 4000 signatures ; une première question de pré-Conseil posée par OCBaux dans le 10e aboutit à un vœu de l’exécutif municipal « réaffirm[ant] son souhait de préserver l’identité du quartier Sainte-Marthe par le maintien des artistes, artisans, libraires et disquaires déjà en place et le soutien à l’installation de nouveaux artisans et artistes dans les locaux vides »

2019-2020 : la résistance s’installe sur tous les fronts : « sapin de lutte » sur la place Sainte-Marthe (décembre) ; casserolade déambulatoire dans les rues du quartier avec la participation de nombreux candidats aux élections municipales (janvier) ; exposition Nous travaillons ici, à la Mairie du 10e et table ronde/débat sur l’avenir du quartier et de nos activités à l’ENSA de Paris-Belleville (février) ; participation à la rencontre sur le « Fabriquer à Paris » organisée par Pierre Laurent au Sénat (mars) ; La ville c’est notre affaire, rencontre-débat à l’initiative d’Attac à la librairie Cariño (septembre) ; participation à la Nuit blanche (octobre) ; appel à candidatures pour les ateliers vides auprès des associations d’artistes et d’artisans de Belleville (octobre-novembre)

septembre 2020 : journée d’action de Youth for Climate (jeunesse pour le climat – et contre la gentrification) à Sainte-Marthe qui laissera une trace durable dans le quartier avec l’épicerie solidaire et les distributions alimentaires de l’association IDL

novembre 2020 : nouvelle question de pré-Conseil d’OCBaux (relative à l’évolution de la situation desartistes et artisans de Sainte-Marthe), suivie, le 30 novembre, du vote d’un voeu sur la préemption des baux commerciaux

janvier 2021 : « Sauvons Ste-Marthe, quartier populaire d’art et d’artisanat », projet Budget participatif posté par le Conseil de quartier Saint-Louis/Faubourg du Temple, proposant d’affecter 2 M€ à l’acquisition de locaux d’activité à Sainte-Marthe

printemps-été 2021 : sondage De quel quartier rêvons-nous ?, réalisé par l’association Saint-Louis Sainte-Marthe

septembre 2021 : le projet « De la diversité commerciale et artisanale dans nos quartiers », lauréat du scrutin BP 2021, réserve finalement 1 M€ à l’acquisition de locaux d’activité pour l’artisanat et l’ESS à Sainte-Marthe (enveloppe augmentée en décembre 2021 de 4 M€ grâce à une autorisation de programme votée en amendement au Budget primitif 2022 de la Ville)

juillet-décembre 2021 : rédaction de base (de concert avec Saint-Louis Sainte-Marthe, les Artisans de Belleville, les AAB, Aires 10, IDL…) de notre projet pour le quartier comme « quartier pilote au sein d’un archipel social et solidaire d’art et d’artisanat » ; le texte sera présenté à la Maire du 10e en janvier 2022

janvier 2022 : troisième question de pré-Conseil (relative à l’acquisition par la Ville de locaux d’activité en pied d’immeuble pour préserver l’art, l’artisanat et la mixité sociale au quartier Sainte-Marthe) ; le quartier comprend mal que, les moyens étant en place, la Ville tarde à agir

avril-novembre 2022 : OCBaux poste deux « cahiers d’acteur » dans le cadre de la concertation sur la révision du PLU, précisant son projet pour le quartier en lien avec le Pôle d’activités artisanales et artistiques de Belleville

octobre 2022 : La litho s’affiche : Fenêtres Rosta sur Belleville, événement fédérateur, illustrant la place de l’art et de l’artisanat dans la ville, réalisé à l’occasion de la 7e édition des Journées de l’artisanat à Belleville grâce à l’appui financier de la Mairie du 10e et du Conseil de quartier

décembre 2022 : première réunion du Comité de pilotage pour Sainte-Marthe (réunissant des élus du 10e et des représentants des acteurs de terrain) ; les prérogatives et le fonctionnement du Copil restent à préciser

mars 2023 : une quatrième question de pré-Conseil (relative au projet pour le quartier Sainte-Marthe) n’apporte pas les précisions souhaitées quant à la mise en œuvre de nos propositions

mai 2023 : face aux mises en demeure qui se multiplient, l’association OCBaux désigne un avocat pour intenter en son nom une action en droit commun contre la SIN d’Edmond Coignet et sa société gestionnaire

SAINTE-MARTHE – LE PROJET

– Pour préserver un quartier vivant avec son trésor de savoir-faire et d’interactions humaines,
– pour répondre au défi écologique en encourageant le « fabriquer local » et en développant l’économie circulaire pour tous,
– pour répondre au défi social en encadrant les loyers d’activité,

– pour dynamiser l’activité artistique et artisanale et promouvoir l’économie sociale et solidaire (ESS)

nous proposons, en bref :

une intervention municipale résolue pour constituer un parc public de locaux d’activité à loyer modéré (idéalement 120 € m2/an HTHC) destinés au développement, d’une part, d’activités d’art, d’artisanat et de culture économiquement fragiles, d’autre part, d’activités sociales et solidaires de proximité (ateliers de recyclage, de récupération, de réparation ; épicerie solidaire) ; des moyens financiers non négligeables étant déjà en place dans le 10e, Sainte-Marthe pourra devenir, avec la parcelle Ramponeau-Bisson dans le 20e, l’un des quartiers pilotes d’un archipel ayant vocation, à terme, à englober également les îlots d’activité artistique et artisanale subsistant dans les rues Rébéval (19e) et Fontaine-au-Roi/Orillon/Jean-Pierre Timbaud (11e)

  • comme à Ramponeau, les acteurs de terrain membres du Comité de pilotage participeraient à la rédaction d’une Charte et à l’élaboration du cahier des charges du premier appel à candidature pour les locaux vides
  • les loyers encadrés, proportionnels à la faible rentabilité des activités ciblées, indispensables pour permettre aux jeunes d’accéder à un atelier, seront en même temps un facteur de sauvegarde, voire de restauration de la mixité sociale
  • des ateliers pérennes sont essentiels à l’élaboration d’œuvres ancrées dans les pratiques non dématérialisables (peinture, sculpture) – l’enjeu est celui de la continuité de notre culture artistique dans sa diversité et de la fécondité du terroir dont émergera l’art de demain

– que soit fléché dès maintenant un local pour une « maison de quartier », ouverte aussi aux habitants (par exemple, à la « bricothèque » plébiscitée dans le sondage de Saint-Louis Sainte-Marthe), qui hébergerait la structure de gestion locale et serait dédiée à la mutualisation et au partage des moyens

– que tout cela soit protégé au PLU parisien par une nouvelle catégorie d’« écosystème d’activités », réservant un pourcentage minimum des locaux en pied d’immeuble aux activités d’art, d’artisanat et de culture à faible rentabilité (30 %) et un pourcentage minimum aux initiatives d’ESS à but non lucratif (20 %) et imposant aux nouvelles constructions dans le périmètre l’inclusion d’au moins un atelier en rez-de-chaussée

et, comme patrimoine vivant et patrimoine matériel sont inséparables dans la préservation de l’identité du quartier, avec ses valeurs d’héritage et de témoignage :

– que l’homogénéité et la singularité des façades (volets de bois et verrières de façade) et des enseignes (déjà compromise par les interventions de la SIN/Coignet) soit renforcée par une protection patrimoniale de la Ville de Paris en tant que tissu urbain remarquable

Basé sur :

À Sainte-Marthe, deux ans plus tard

Ces derniers mois, François Mattéi, peintre, a été obligé de quitter son atelier au 12 rue Sainte-Marthe. Laura Merenda, tapissière, a été expulsée de son atelier au 5 rue Sainte-Marthe. Même peine pour le restaurant-galerie chilien du 4-6. Les façades aveugles se multiplient, entrecoupées de sinistres portes blindées. Les artistes et artisans qui restent se voient imposer des augmentations abusives de loyer (jusqu’à 250 %). La Mairie dispose, grâce au Budget participatif 2021 et à un amendement surprise du budget municipal approuvé par le Conseil de Paris en décembre 2021, d’une enveloppe de 5M € (somme non négligeable dans ce quartier de petites surfaces) pour préempter ce qui pourrait devenir le noyau d’un parc public de locaux d’activité à loyer encadré… mais elle ne se décide pas à passer à l’acte.

Considérant tout cela, nous relayons l’appel de l’association OCBaux en vue d’un événement prévu à l’occasion de la 7e édition des Journées de l’artisanat à Belleville :

lien à diffuser dans vos réseaux : https://www.helloasso.com/associations/ocbaux/collectes/fenetres-rosta-sur-belleville

Nuit blanche à Sainte-Marthe

Bulles immobilières et autres ordures !

Quel est le sens de l’installation éphémère apparue en off à la faveur de la Nuit blanche 2020 sur trois sites simultanément : en haut de la rue Jean-et-Marie-Moinon, devant la librairie Cariño rue du Chalet et en bas de la rue Sainte-Marthe, devant l’ancien atelier du peintre Philippe Andrieux, un des premiers chassés par la nouvelle vague spéculative.

Marelles collées au macadam pour suivre l’envolée du prix du mètre carré…

Sacs poubelle gonflés à bloc, prisonniers de filets cloués à une devanture ou noués à une grille de jardin…

Que se cache-t-il là-dedans ?

Serait-ce nous, les invisibles déchets captifs ? Habitants, locataires, petits propriétaires, pris au piège d’un engrenage infernal où les uns se font vider et les autres, pliant devant les diktats du marché, se retrouvent spéculateurs malgré eux…

Ou n’est-ce que du vide ? Une bulle, c’est fait pour se dégonfler et ça peut éclater plus vite qu’on ne pense…

*

Hélas, 48 heures plus tard, ce sont des portes blindées qui ont remplacé l’installation !

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Trois questions pour six têtes de listes (+1)

Après les réponses des candidats dans le 10e aux deux associations qui défendent le quartier Sainte-Marthe, une nouvelle salve d’interrogations liées aux municipales. Celles-ci ont été rédigées par trois membres de l’équipe d’animation du Conseil de quartier Hôpital Saint-Louis / Faubourg du Temple qui, faute des forces vives nécessaires pour organiser une réunion publique permettant aux habitants de dialoguer directement avec les têtes de liste, s’est rabattu sur l’écrit. L’idée était de communiquer les réponses sur la liste de diffusion du CQ. À la dernière minute, alors que six candidats (dont la maire sortante) avaient déjà répondu, la directrice adjointe des Services de la Mairie y a mis le holà, affirmant que cela représenterait « une violation du principe d’équité et d’égalité de traitement » et « une utilisation des moyens municipaux au profit de candidats ». À voir la manière dont certains s’écartent des questions posées pour caser coûte que coûte les points de leur programme qu’ils jugent apparemment les plus vendeurs, on peut comprendre les Services.

N’empêche. Ce serait dommage que la copie des candidats n’atteigne pas du tout les électeurs.

Dans ce qui suit, nous faisons suivre les trois questions de l’équipe d’animation du CQ des parties pertinentes (peu ou prou) des réponses reçues des candidats en tête des listes « Paris en commun » (PS – PCF – Génération.s), « Parisiennes, Parisiens » (divers), « L’écologie pour Paris » (EELV), « Décidons Paris » (LFI), « Ensemble pour Paris » (LREM) et « Engagés pour changer Paris » (LR) (+ « Le Nouveau Paris » [LREM diss.], arrivée après la publication) dans le 10e, selon l’ordre de réception. Au lecteur de s’y retrouver :

1° La question des bagarres entre jeunes, qui ont fait encore en janvier un mort rue de la Grange-aux-Belles : un adolescent de 14 ans tué par un autre adolescent de 14 ans, après le jeune homme de 23 ans poignardé en juillet 2018 à l’angle Tesson-Saint-Maur et le mort par balles rue Saint-Maur en juillet 2019. Il semble s’agir de cas de violence pas toujours liés à la drogue ou aux rivalités de gangs.
Comment comprenez-vous ce phénomène ? Quelles mesures concrètes préconisez-vous pour l’enrayer ?

Alexandra Cordebard, liste « Paris en commun »
Vous évoquez tout d’abord les drames qui ont frappé, ces deux dernières années, les quartiers du Buisson-Saint-Louis et de la Grange-aux-Belles. Je veux ici vous redire ma colère, mais surtout ma tristesse face à ces situations intolérables. Nous, habitants, parents, commerçants, associatifs, élus, ne pouvons accepter une telle violence et ses conséquences. Nous ne pouvons nous résoudre à ce qu’un enfant de 14 ans soit tué par un enfant de 14 ans. Pas plus que nous ne pouvons accepter qu’un jeune homme soit abattu dans le cadre d’un règlement de comptes entre quartiers, ou qu’un autre décède par arme à feu pour un différend mineur. Chacune de ces morts reste pourtant un traumatisme: pour le quartier, pour notre arrondissement, pour tout Paris. Chacune de ces morts nous fragilise, et fragilise le travail et l’engagement pourtant exceptionnel des professionnels – enseignants, travailleurs sociaux, éducateurs spécialisés – qui accompagnent ces jeunes au quotidien.

En ce qui concerne le décès du jeune Wally, je veux vous dire que l’ensemble des professionnels est mobilisé dans le quartier. La police a rapidement interpellé le principal agresseur et poursuit ses investigations pour faire toute la lumière sur ces événements. Les clubs de prévention spécialisée sont également à pied d’œuvre, et ont renforcé leurs actions envers les jeunes des quartiers de la Grange-aux-Belles et de Belleville, traumatisés par cet événement.

Je veux cependant saluer devant vous rengagement des associations d’habitants de nos quartiers, qui s’organisent et contribuent par leurs actions au maintien et au renforcement du lien social entre tous, y compris lors d’événements douloureux. Je continuerai pour ma part à défendre, comme je l’ai fait depuis deux ans, le droit de chacun à vivre dans un quartier plus sûr, disposant d’équipements publics de qualité, en particulier pour les nombreuses familles qui y vivent.

Pour y parvenir, et notamment lutter plus efficacement encore contre les trafics, nous avons besoin de davantage de présence et d’interventions policières. Le travail de la police se concentre aujourd’hui en effet prioritairement sur le démantèlement de grands réseaux et néglige trop souvent le quotidien des habitants et la lutte contre les « petits » trafics, qui génèrent pourtant de l’insécurité au quotidien.

Au-delà des demandes que je continuerai de porter auprès de la Préfecture pour un renforcement du nombre de fonctionnaires de police dans l’arrondissement, l’une des tâches de la future police municipale qu’Anne Hidalgo souhaite mettre en place sera de traiter du quotidien des habitants, en intervenant régulièrement pour apaiser nos rues, nos immeubles, nos squares, et faire baisser les incivilités qui nuisent à la qualité de vie des habitants et qui donnent une image parfois dégradée de nos quartiers. Je souhaite également que les bailleurs sociaux prennent leur part dans cette action. Un meilleur cadre de vie, mieux entretenu, plus surveillé, impliquant les habitants, contribuera à l’apaisement général du quartier.

Pierre-Yves Zentar, liste « Parisiennes, Parisiens »
Sur l’ensemble des aspects sécurité et incivilités, nous proposons d’agir sur l’aspect pédagogique mais également d’un point de vue plus sécuritaire.

Sur le plan pédagogique, certaines actions peuvent être mises en œuvre par la mairie mais elles sont limitées. La priorité est donc avant tout de faire connaître ces problèmes pour s’assurer que l’éducation nationale les prenne en charge. Il peut également y avoir des actions du tissu associatif pour sensibiliser sur ces questions, mais de notre point de vue cela ne sera pas suffisant.

Sur le plan sécuritaire, nous préconisons la mise en place d’une police municipale de proximité. L’idée est de reprendre le rôle de « gendarme du village ». Depuis les attentats de 2015 et les nombreux mouvements sociaux, la police nationale ne peut plus remplir cette mission. Il nous semble important d’avoir une présence policière discrète, proche des commerçants et des habitants. Nous préconisons de créer une académie de police parisienne en 1 an pour compléter la formation initiale de cette police municipale. L’objectif de cette formation serait de former ces policiers aux spécificités du tissu parisien. Les bagarres entre jeunes, comme la prostitution ou la toxicomanie, font partie des éléments qui seraient traités dans cette formation. Cette police municipale doit, à la fois, rassurer, créer du lien et être en capacité d’agir si nécessaire.

Sylvain Raifaud, liste « L’écologie pour Paris 10e »
Concernant les rixes entre jeunes qui ont encore récemment fait un mort, nous partageons la douleur de la famille et des proches.

À chaque drame, les familles et tout le quartier font preuve d’un courage immense, d’une force collective : on se rassemble, on se parle, on refuse la violence de la vengeance.

Nous voulons également que l’incompréhension et la tristesse face à des rixes aussi violentes entre enfants laisse place à l’action. Il est insupportable de lire dans la presse que la collectivité serait « impuissante ». Effectivement, les drames de ces dernières années ne semblent pas liés au mêmes causes et conflits. Ce qui les lie cependant, c’est que, collectivement, nous n’avons pas réussi à assurer la sécurité et l’épanouissement de certains adolescents et que les dispositifs de prévention manquent.

Pour faire face, les premiers qui s’organisent pour faire changer les choses sont les jeunes adultes et les parents. Les fêtes de quartier fleurissent, l’espace public revit, la solidarité s’exprime et les tensions se calment. Ce travail collectif commence à fonctionner. Si la Mairie ne doit pas se substituer à ces initiatives, elle doit cependant encourager leur émergence et les aider à la hauteur de l’enjeu, car elles sont encore trop peu soutenues.

Nous souhaitons revoir les objectifs et moyens d’action de l’équipe de développement local, en prise immédiate avec ces quartiers et les financements dédiés. La définition des priorités et des objectifs doit se faire également avec les habitants , car ce sont eux qui connaissent le mieux la situation et doivent avoir leur mot à dire pour trouver des solutions. Nous souhaitons qu’ils et elles soient régulièrement associés à la réalisation des projets. Il n’est plus possible, par exemple, que le projet gagnant du budget participatif  « La Grange-aux-Belles s’anime », doté de plus de 100.000 €, soit dépensé sans qu’aucune publicité ni concertation des habitants ne soit réalisée.

Depuis quelques années, les aides pour ces quartiers se sont réduites, du fait de leur déclassement de quartier « politique de la ville » en « veille active » pour deux d’entre eux. Les effectifs de la prévention de rue ont chuté partout.

Mais la Ville a la responsabilité de la fermeture du Lieu d’Accueil Innovant de la Grange-aux-Belles, espace qui a fait la preuve de son utilité et qui est demandé par les jeunes eux-mêmes.

Les dispositifs à destination des adolescents manquent. Nous créerons un programme d’activités pour eux, pas uniquement pour les occuper et permettre la surveillance d’adultes, mais aussi pour leur permettre de s’émanciper. Changer d’air, cela passe par exemple par des occasions de vivre sa passion musicale (nous portons un « plan musique » pour la pratique amateur), des conseils pour monter un projet, une aide pour voyager, ou encore des conseils pour trouver un métier qui a un sens pour soi (notamment au travers d’un forum renouvelé de l’emploi). Pour aider les parents en difficulté, nous souhaitons créer un service pour accompagner à pied les mineurs qui doivent se rendre à leurs activités extra-scolaires ou à des rendez-vous médicaux. Nous ouvrirons également des aides financières pour le baby-sitting et élargirons les horaires des crèches et des gardes d’enfants. Nous souhaitons enfin entamer un travail d’aide à la parentalité dédiée aux pères.

Dans le quartier de la Grange-aux-Belles, il semble évident qu’un centre social devra être ouvert. Comme les autres, il faudra le doter d’une permanence « mairie mobile », un service d’accès aux droits afin de permettre un accompagnement plus personnalisé.

Nous voulons aussi créer de nouveaux lieux : des salons de quartier et salles polyvalentes ouvertes à l’ensemble des habitants pour prendre le thé en discutant, s’organiser des moments entre femmes, faire les fêtes de famille, jouer avec les personnes âgées, accueillir les spectacles des talents du quartier, etc.

Beaucoup de personnes impliquées au quotidien dans les quartiers populaires de l’arrondissement exercent un rôle correspondant à des missions d’« adulte-relais ». Nous souhaitons utiliser ce statut et employer plusieurs personnes déjà actives localement pour réaliser ces missions dans de bonnes conditions.

Pour les avoir souvent initiées et facilitées, nous croyons beaucoup dans le pouvoir des fêtes de quartier à créer du vivre-ensemble qui a un impact sur le quotidien. Aussi, nous faciliterons la tenue de fêtes et repas dans tout le 10egrâce à des zones sécurisées et équipées.

La sécurité passe aussi par une présence régulière et renforcée de la police, qui doit créer un système d’alerte ultra-réactif en cas de bagarre entre bandes. Il faudra aussi créer des espaces d’écoute pour qu’un jeune, se sentant en danger, puisse trouver de l’aide sans risquer de représailles.

Hugo Roëls, liste « Décidons Paris »
Les jeunes sont les premiers acteurs et les premières victimes de ces violences. Il convient de ne pas chercher nécessairement une détermination purement économique ou criminelle à cette violence, où la dimension d’affirmation de soi est très importante.

Nous pensons que la prévention spécialisée a les outils pour offrir aux jeunes un horizon de construction identitaire en dehors de toute violence. Seulement, nous regrettons la dynamique, initiée par la majorité sortante, de concentration des clubs de préventions spécialisées. Les structures ne correspondant plus aux spécificités de chaque quartier.

L’éducation déborde du cadre scolaire et concerne aussi d’autres pans de l’action collective. Nous développerons et diversifierons à ce titre l’offre extra-scolaire proposée par la Mairie de Paris. Cela passera par le renforcement des moyens des centres d’animation de la ville de Paris, notamment pour développer des activités ponctuelles en nocturnes, ainsi que par le soutien aux centres sociaux. Des espaces pour les jeunes doivent exister dans l’ensemble des quartiers pour permettre à tou·te·s de se rassembler. Certains quartiers en sont dépourvus, ne laissant que la rue comme espace libre d’accès. Nous pourrons par exemple aider les centres sociaux à développer des projets à destination des « grands ados ». Nous garantirons les moyens de la prévention spécialisée et de l’éducation de rue pour accompagner les jeunes le nécessitant. Enfin, via le conseil de la jeunesse, nous inviterons les jeunes à s’auto-organiser pour proposer des projets et interpeller les élu·e·s sur leurs besoins.

Karim Amellal, liste « Ensemble pour Paris »
En premier lieu, je tiens à vous dire que les affrontements répétés qui se déroulent dans nos rues, en bas de nos foyers, pratiquement sous nos yeux, me révoltent. Je tiens d’abord à manifester mon soutien aux familles endeuillées et dans une plus large mesure aux familles de ce quartier qui sont marquées par ces drames. Les habitants de ce quartier m’ont régulièrement interpellé, depuis plusieurs mois que je mène cette campagne, sur ce sujet tragique. Ils m’ont fait part de leur inquiétude et de leur désarroi, mais aussi, pour certains, de leur dépit face au caractère répété de ces violences, comme s’il y avait une fatalité, comme si nous ne pouvions rien faire.

Je vous le dis franchement : il n’y a pas de fatalité de la violence. J’ai grandi dans un quartier populaire. Je connais parfaitement leurs difficultés, leurs tourments, mais aussi leur âme et leur identité. Les habitants des quartiers populaires, à Paris comme ailleurs, ont les mêmes droits que les autres à la sécurité, à la propreté, à un cadre de vie décent, à un environnement apaisé, à une éducation de qualité.

La sécurité ne doit pas être l’apanage des quartiers riches, mais de tous les quartiers de Paris. Avec Agnès Buzyn, nous créerons une police municipale formée, armée et équipée de caméras piétons pour mieux assurer la sécurité des parisiens. Elle sera présente jour et nuit dans nos quartiers et elle sera joignable par téléphone. Elle rendra aussi des comptes aux habitants.  La police municipale que nous défendons, qui a déjà fait l’objet d’une proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale par les députés LREM de Paris, est un élément structurant de notre projet, mais pour que cela fonctionne bien, il faut aussi revoir l’organisation administrative de la ville et de nos arrondissements. En particulier, il faut donner, dans ce domaine comme dans celui de la propreté, davantage de pouvoir aux maires d’arrondissement, les plus habilités à agir au plus près du terrain, en fonction des problèmes qu’ils constatent et que leur font remonter les habitants. Cela passe aussi par une restructuration de l’arrondissement en dix micro-quartiers et l’assignation dans chacun d’eux d’élus référents, qui seront plus présents, plus disponibles pour les habitants, plus joignables pour intervenir sur les problèmes du quotidien.

Les rivalités entre jeunes, qui donnent parfois lieu à ces rixes terribles, sont également une illustration d’un manque de cohésion entre les Parisiens. La densité et la ségrégation sociale sont puissantes dans notre ville et, Maire du 10ème, j’aurai à cœur d’y remédier en renforçant le lien social, en travaillant avec les nombreuses associations et en revivifiant les solidarités de quartiers, en mobilisant davantage les leviers de médiation qui existent. Au cœur de l’arrondissement, ces associations jouent un rôle considérable que je veux saluer, mais aussi développer.

Maire du 10ème, je créerai un Conseil des associations pour développer la coordination entre leurs actions et favoriser l’émergence de projets communs et de partenariats. Je veillerai aussi à soutenir, y compris financièrement, celles qui jouent un rôle particulièrement essentiel dans la promotion du vivre-ensemble, la consolidation du lien social et la diffusion des valeurs de la République.

Les projets d’aménagement que je veux porter dans notre quartier, en concertation avec les habitants, s’inscrivent dans cette perspective. Je souhaite en particulier revoir l’aménagement de la place du Colonel Fabien en reliant l’îlot central à la rue Albert Camus afin d’ouvrir la Grange-aux-Belles sur l’arrondissement. Je souhaite aussi pouvoir accompagner le projet initié sur la place du Buisson Saint-Louis en lien avec le centre social. Deux rues jardins seront également crées et les cours d’écoles seront ouvertes en soirée et le week-end.

Dans un second temps, il me paraît nécessaire de développer les animations et la vie de notre quartier. Un marché alimentaire pourrait ainsi être installé sur le site réaménagé du Colonel Fabien, et les terrains de pétanque valorisés. Je souhaite également proposer de nouvelles activités pour les enfants, les soirs, les week-ends et pendant les vacances scolaires : quels que soient leur quartier et leur origine sociale, j’ai la conviction que c’est souvent par eux que tout commence.

Bertil Fort, liste « Engagés pour changer Paris »
Les évènements tragiques qui ponctuent la vie du quartier, dont le dernier en date remonte à la fin janvier rue de la Grange-aux-Belles, viennent nous rappeler à quel point il est urgent de s’attaquer aux problèmes. Non ! Ce n’est pas parce que des quartiers comme celui de la Grange-aux-Belles sont populaires que nous pouvons tolérer l’insécurité pour les habitants, les bagarres entre jeunes, la saleté dans nos rues, les logements sociaux non entretenus ou encore la monoactivité commerciale !

Avec Rachida Dati, nous mettrons un terme à cette politique du déni qui sévit depuis plusieurs années et empêche la Ville de Paris de s’attaquer de façon frontale aux problèmes qui minent le quartier.

Pour nous, populaire rime avec diversité, services publics de qualité, égalité des chances, méritocratie ! Je souhaite donc redire avec force aux habitants que nous ne nous résoudrons jamais à laisser des quartiers se détériorer au prétexte qu’ils sont « populaires » et que la seule façon de sortir des problèmes serait la « gentrification » qui contribue parfois à dénaturer l’identité de nos quartiers.

Pour lutter contre les trafics, la prostitution et les bagarres entre jeunes de façon efficace, nous commencerons par réorganiser la sécurité à Paris, qui est défaillante. Nous comptons donc :

– Créer une véritable Police Municipale formée et armée de 3 400 agents qui sera gérée avec les Mairies d’arrondissement. Dans le 10e, avec 250 agents, elle sera chargée de lutter contre la délinquence du quotidien qui a explosé ces dernières années, les trafics, la vente à la sauvette et la prostitution. Sa présence sur le terrain sera également déterminante pour nous réapproprier l’espace public dont nous nous sentons dépossédés
– Mobiliser des effectifs de sécurité privée pour des besoins ponctuels et la surveillance de bâtiments sensibles
– Renforcer la Police Nationale qui sera recentrée sur ses missions d’interpellation, d’investigation et de démantèlement des réseaux et des trafics
– Créer le poste de « Maire adjoint de la Nuit » dans le 10ème qui permettra d’assurer un contrôle continu de l’espace public : il fera notamment respecter les lois en matière de sécurité, de propreté et de tapage nocturne- Étendre la législation et les sanctions visant à réprimer l’organisation de la prostitution et du proxénétisme en vigueur dans les établissements hôteliers et aux locations meublés de courte durée

La combinaison d’une présence policière permanente de terrain ainsi que l’augmentation du nombre de caméras de vidéo-protection sur la voie publique dans les zones sensibles permettra de faire respecter la loi, de contrôler les débordements et de réagir plus rapidement en cas de problème. Vivre dans un quartier plus sûr, c’est pour chacun d’entre vous un quotidien plus serein et une vie de quartier apaisée.

Pierre Henry, liste « Le Nouveau Paris »
Nous avons constaté comme tous les Parisiens l’augmentation de l’insécurité. Elle se traduit tout autant par une augmentation des incivilités que des criminalités organisées. Pour ces dernières, une action efficace passe nécessairement par une coordination avec la préfecture de police, compétente en la matière.

Cette coordination s’exprime en particulier dans le contrat de prévention et de sécurité d’arrondissement, qui détaille priorités et plans d’actions portées par la mairie. La mairie du Xème a signé un contrat en 2016, pour la période 2016-2020. Nous avons été surpris de constater l’abandon de certaines actions qui figuraient dans le contrat précédent.

Il existait ainsi une action « lutte contre le phénomène de bandes », qui n’apparaît plus dans le contrat signé en 2016. De même, il existait une action « impulser une action intercommunale en matière de lutte contre le crack », qui n’est pas reprise.

La première de nos actions sera, dans le cadre du nouveau contrat de prévention et de sécurité, de faire inscrire comme priorité la lutte contre les criminalités organisées. Cela permettra de mobiliser l’ensemble des acteurs sur ce sujet grave, et de rétablir des actions collectives contre les phénomènes de bande et les différents trafics.

Au-delà [de] cette coopération contractualisée, nous travaillerons dans les quartiers touchés par ces difficultés à la poursuite des actions de prévention, qui seront complétées par des mesures d’accompagnement renforcées. Il existe en effet des moyens et des dispositifs destinés à accompagner les familles dans la parentalité et les jeunes en situation de décrochage.

Par ailleurs, notre police municipale, du fait de sa présence dans les quartiers, contribuera à changer les occupations de l’espace public ; C. Villani s’est prononcé en faveur d’une police municipale de proximité, forte de 4500 agents. Elle sera en capacité de sanctionner les incivilités du quotidien, mais également, par sa présence, de faciliter la réappropriation des espaces publics par tous les citoyens. De plus, la connaissance des quartiers et des habitants par cette police lui permettra de contribuer à la mise en place d’actions efficaces.

Enfin, nous nous sommes engagés avec C. Villani à faire découvrir aux jeunes les sciences et les arts, en permettant l’accès à des activités musicales gratuites ou en travaillant, avec des associations, à les familiariser au monde des sciences. Nous pensons que renforcer les propositions d’activités valorisantes et accessibles est à même de contribuer à la lutte contre les phénomènes de bande, en offrant des cadres alternatifs où les jeunes pourront s’exprimer et être reconnus.

*

2° la prostitution qui sévit toujours boulevard de la Villette, malgré les lois toujours nouvelles votées au niveau national.
Que nous conseillez-vous de répondre aux habitants qui nous interpellent sur ce sujet ? Que comptez-vous faire pour aborder ce problème maintenant bien installé ?

Alexandra Cordebard, liste « Paris en commun »
Vous abordez ensuite la question de la prostitution qui sévit boulevard de la Villette et dans le secteur de Belleville. Je veux être très claire sur ce point : la traite d’êtres humains est intolérable, quelles que soient les modalités de son exercice. C’est donc aux filières et aux proxénètes qu’il faut s’attaquer. Il s’agit d’un enjeu de sécurité publique qui doit être considéré comme tel par la Préfecture de Police.

Sur ce sujet, la nouvelle police municipale sera également mise à contribution. Les équipes qui circuleront dans les rues du 10eseront formées et systématiquement composées de femmes pour être mieux à même de recueillir la parole des femmes, en particulier en cas de harcèlement de rue ou pour les victimes de violences.

Comme Maire, je poursuivrai également toutes les actions engagées en direction des femmes qui se trouvent en situation de prostitution dans le quartier. Prévention, mises à l’abri, accompagnement social. sont des nécessités absolues. Nous parlons de femmes vulnérables et précarisées, pour qui l’accompagnement est indispensable. Anne Hidalgo a d’ailleurs fait plusieurs annonces pour lutter plus efficacement contre les violences faites aux femmes : création de sept nouveaux centres de santé sans dépassement d’honoraire – dont un situé dans le quartier Belleville –, création d’un lieu unique de prise en charge des femmes victimes de violences, mais aussi doublement du budget annuel consacré à l’égalité entre les sexes et à la lutte contre les discriminations.

Pierre-Yves Zentar, liste « Parisiennes, Parisiens »
voir première question

Sylvain Raifaud, liste « L’écologie pour Paris 10e »
Concernant la prostitution sur le Boulevard de Belleville, il s’agit surtout d’avoir une approche humaine, tournée vers la sécurité et la dignité des personnes, la répression déplaçant le problème ou précarisant encore plus les personnes prostituées. Les tergiversations législatives sont aussi responsables de cette situation. La pénalisation des clients, si elle visait à ne plus faire porter aux personnes en situation de prostitution la faute de ces situations qui s’apparentent dans certains cas à de la traite d’être humains, est cependant porteuse de risques pour ces femmes. La mesure semble efficace en ce que les clients sont plus rares, mais les revenus baissent d’autant. Pour ces personnes prostituées, qui n’ont pas toujours le choix d’une autre activité, c’est une contrainte qui les oblige à accepter des demandes plus risquées ; exposées à plus de violences, elles subissent également plus de pressions relatives au port du préservatif.

Face à ces situations difficiles pour les personnes et pour les habitant.e.s, les écologistes portent des mesures visant à assurer la santé et l’accès aux droits des personnes par le renforcement de notre soutien aux associations spécialisées et la diligence des procédures administratives accordant les aides légales, notamment en soutenant les permis de séjour dans le cadre des « parcours de sortie ».

Nous pensons également que ce sujet doit être davantage porté par la Mairie, en lien avec l’État. Comme pour les usagers de drogue, nous voulons renforcer la politique de prévention par une présence humaine et des accompagnements adaptés aux publics concernés. Sur le même modèle, la présence renforcée de la police ne doit pas être un prétexte à contrôler les personnes pour lesquelles la ville déploie par ailleurs des dispositifs de prévention des risques et d’accès aux droits sur le même secteur, mais pour protéger les personnes et contribuer au démantèlement des réseaux de trafic d’êtres humains.

Hugo Roëls, liste « Décidons Paris »
En tout état de cause, la pénalisation du client produit les effets inverses à ce qui était souhaité. En outre, nous ne pensons pas que dissimuler une situation constitue une réponse adaptée.

Notre majorité se battra pour la suppression de toutes formes de répression à l’encontre des personnes prostituées, l’attribution de papiers à toutes les victimes de la traite et le développement de véritables moyens financiers pour aider les femmes prostituées, avec des budgets suffisants, notamment pour financer les parcours de sortie du système prostitutionnel.

Karim Amellal, liste « Ensemble pour Paris »
La prostitution est un autre sujet important sur lequel vous m’interpellez. Celle-ci est visible et se développe dans notre arrondissement. Le secteur de la porte Saint-Denis et le quartier de Belleville sont en particulier concernés. J’ai eu l’occasion d’aborder ce sujet lorsque j’ai rencontré des représentants de la communauté asiatique à Belleville. Si l’existence de réseaux organisés est discutée par certains, la réalité du phénomène ne l’est pas. Sans doute la police municipale que nous créerons, qui sera d’abord une police de proximité, d’ilotage, aura-t-elle un rôle à jouer dans la lutte contre ce phénomène, au même titre que la police nationale en matière de lutte contre les réseaux de proxénétisme. Je voudrais pour ma part insister sur l’importance de la concertation et de la coordination entre toutes les parties prenantes, y compris en bonne intelligence avec l’arrondissement voisin, mais aussi sur la pleine association des réseaux communautaires qui, dans ce domaine aussi,  doivent être mobilisées.

Bertil Fort, liste « Engagés pour changer Paris »
voir première question

Pierre Henry, liste « Le Nouveau Paris »
La prostitution est un phénomène complexe. Elle est le plus souvent liée à d’autres activités criminelles – blanchiment d’argent, réseaux divers…. – il nous semble donc prioritaire de bien comprendre le type de prostitution pratiqué autour de la Villette et ses imbrications criminelles car la mise en place d’actions efficaces ne pourra pas se faire sans ce diagnostic .

Comme précédemment, la collaboration avec la préfecture de police s’avérera donc indispensable à une action efficace et pour cette raison nous intégrerons explicitement ce point au contrat de prévention et de sécurité de l’arrondissement.

En même temps que des actions destinées à démanteler les réseaux qui organisent la prostitution, il nous paraît également indispensable de mettre en place un accompagnement pour permettre à des personnes victimes de ces réseaux de sortir de la prostitution.

Nous soutiendrons dans ce cadre les associations qui œuvrent auprès des prostitué.e.s

Enfin, là aussi, nous sommes convaincus que la présence dans les rues d’une police municipale permettra d’apaiser l’espace public.

*

3° La spéculation immobilière, présente partout, mais qui montre un visage particulièrement menaçant au quartier Sainte-Marthe-et-Moinon, exemplaire par sa mixité sociale et la richesse de sa production artistique et artisanale, où, après plusieurs OPAH, le prix du foncier dépasse les 13 000 €/m2  et la prise de contrôle de la Société immobilière de Normandie par la société d’investissement Edmond Coignet s’est déjà traduite par le départ de plusieurs artistes emblématiques de l’âme du quartier.
Que faire ? La municipalité a-t-elle les moyens d’une action efficace ? Là encore, votre avis et vos propositions concrètes nous intéressent.

Alexandra Cordebard, liste « Paris en commun »
Enfin, vous revenez sur les menaces qui pèsent sur le quartier Sainte-Marthe. Vous connaissez mon soutien aux deux associations qui combattent pour la préservation du quartier, de sa mixité sociale, de ses artistes, artisans et commerçants, et pour la défense particulière des locataires de la Société Immobilière de Normandie (SIN). Ces combats sont ceux contre la spéculation immobilière, pour la préservation d’une identité de quartier, et ils rejoignent pleinement, non seulement les préoccupations de l’équipe municipale actuelle, mais aussi les engagements des colistiers qui m’accompagnent en vue de la prochaine mandature.

D’ores et déjà, notre action s’est concentrée sur la protection des locataires menacés d’expulsion ou de non-renouvellement de leur bail. J’ai ainsi obtenu la suspension de procédures en cours contre certains locataires. Anne Hidalgo a également interpellé directement le propriétaire de la SIN pour lui dire qu’elle se tiendrait aux côtés des habitants, des artistes et artisans du quartier si ses actions dénaturaient le quartier et bouleversaient son équilibre actuel. Je suis par ailleurs déterminée à empêcher toutes les manœuvres d’éviction spéculative qui pourraient être engagées contre les locataires de la SIN. Je souhaite ainsi que la Ville de Paris fasse prévaloir, quand cela sera nécessaire, son droit de préemption et que le quartier puisse intégrer le nouveau dispositif de préemption des baux commerciaux qui doit prochainement être mis en œuvre dans certains quartiers de Paris.

Sachez également que je soutiens entièrement le projet des artistes et artisans du quartier, qui consiste à rejoindre le futur pôle artisanal de Belleville, qui comprendra à terme, sur son site du 20arrondissement, 1800 md’ateliers réservés aux artisans, financés par la Ville de Paris. L’intégration des artisans du quartier Sainte-Marthe dans ce nouvel écosystème leur · permettra de mieux faire connaître leurs activités et savoir-faire, de bénéficier par exemple du Label « Fabriqué à Paris » et leur offrira de nouveaux débouchés indispensables à la pérennisation de leurs activités.

C’est d’ailleurs dans cette optique que j’ai souhaité mettre en valeur les œuvres des artistes et artisans du quartier en accueillant, à la mairie, une exposition qui s’est achevée il ya quelques jours. Je le leur ai dit et je vous le répète : je souhaite qu’ils puissent réinvestir les lieux régulièrement, afin qu’ils puissent mieux faire connaître leurs talents.

Pierre-Yves Zentar, liste « Parisiennes, Parisiens »
Il s’agit pour moi d’un sujet prioritaire. Ma conviction est que la richesse de notre ville est liée à sa diversité, la diversité des milieux sociaux, des activités professionnelles etc.

Les activités artistiques notamment sont un élément essentiel d’éducation et de plaisir. Notre ville manque parfois des deux.

Pour préserver ce quartier comme d’autres, mes propositions sont les suivantes :

– À très court terme : convoquer la société Edmond Coignet devant un panel constitué des différentes listes candidates aux élections municipales et des associations. Obtenir des clarifications concernant le projet de cet investisseur → spéculation, rendement locatif ?
– Mettre en place suite à cette entretien un comité d’évaluation mensuel, pour analyser l’évolution de la situation. Ce comité devrait inclure les associations et des personnalités pouvant apporter leurs compétences. Il doit également s’assurer d’être en lien avec les médias.
– À moyen terme : s’assurer que le PLU soit parfaitement en adéquation avec l’objectif de maintien de la diversité dans le quartier. Demander les modifications nécessaires si ce n’est pas le cas.
– Création d’une foncière de la ville de Paris dédiée à investir dans la diversité des quartiers.
– Créer un lieu d’exposition permanent dans le quartier afin de permettre aux artistes et aux artisans de montrer leur savoir-faire. Ce lieu doit être financé par la ville de Paris, mais géré par des acteurs locaux. Il doit également avoir pour vocation de redynamiser le quartier afin d’avoir un impact positif sur les commerces indépendants, les restaurants et les bars du quartier.

Sylvain Raifaud, liste « L’écologie pour Paris 10e »
Concernant la spéculation immobilière, vous connaissez notre mobilisation pour sauvegarder l’âme du quartier Sainte-Marthe et en faire le premier quartier municipal d’artisanat. En particulier, nous avons dès le mois de décembre fait des propositions allant dans le sens d’une intervention de la puissance publique, qui reste trop souvent spectatrice de la flambée de l’immobilier. Nous souhaitons que la Mairie se positionne pour reprendre la main sur la Société Immobilière de Normandie afin de racheter les baux commerciaux et les logements, pour maintenir les locataires, et ainsi de louer la totalité du parc (une grande partie des locaux sont encore inutilisés). Nous disposons de tous les outils légaux et opérationnels pour organiser ce type d’opération, aussi nous demanderons son inscription au Projet d’Investissement de la Mandature pour agir dans les premiers mois du mandat. Pour marquer un soutien militant modeste, nous avons organisé en tant que candidat-es un Noël sans Amazon en mettant en avant les commerçants et artisans de nos quartiers. Nous souhaitons poursuivre cette opération officiellement, en tant qu’équipe municipale, en lui donnant de l’ampleur.

Hugo Roëls, liste « Décidons Paris »
Paris est la ville de France où se loger coûte le plus cher. Elle est la proie des spéculateurs immobiliers qui année après année font augmenter le prix des loyers et de l’immobilier en la vendant aux milliardaires de tous les pays. Cela provoque une hémorragie des classes populaires qui la quittent par milliers et empêche les travailleurs de se loger à proximité de leur lieu de travail. La majorité sortante, hormis quelques mesurettes et effets d’annonces, n’a rien fait pour libérer notre ville des serres de la spéculation.

Elle lui a au contraire ouvert grand les portes, par exemple en décidant sans concertation avec les Parisien·ne·s d’accueillir les Jeux olympiques de 2024. Alors que les magnats s’enrichissent, le nombre de personnes sans domicile fixe, en logement insalubre ou hébergées ne cesse de croître dans notre ville. Ainsi, en 2017, ce sont près de 60 000 demandeurs de logement social à Paris qui étaient sans domicile fixe, hébergés chez un tiers ou dans un logement précaire.

Dans le même temps, 110 000 logements sont vides dans la capitale. Si l’on ajoute les 115 000 logements répertoriés comme résidences secondaires c’est comme si tous les logements des 16et 17arrondissements étaient inoccupés ! Nous voulons rompre avec cette logique : rendre Paris aux Parisien·ne·s, permettre à chacun·e de se loger dans des logements dignes aux loyers abordables.

Pour cela, nous voulons créer de nouveaux logements et lutter efficacement contre l’augmentation exponentielle du prix des loyers en nous fixant comme objectif, dans le parc social comme le privé, de faire en sorte que les ménages ne consacrent pas plus de 20 % de leur revenus au paiement de leur loyer et charges locatives.

–> Nous renforcerons l’encadrement des locations de meublés touristiques en limitant la possibilité de mise en location de courte durée des résidences principales à 60 jours dans l’année contre 120 actuellement et en mettant en place un moratoire sur les autorisations de changement d’usage des résidences principales en hébergement hôtelier.

–> Nous proposons un permis de louer, comme le prévoit la loi, dans les zones ou bâtiments dans lesquels la probabilité de logement insalubre est forte.

–> Nous organiserons un référendum parisien pour demander à ce que la compétence d’encadrement des loyers revienne à la Mairie de Paris et non au Préfet.

Concernant le quartier Sainte-Marthe, nous n’aurons pas, si nous sommes élus, tous les leviers au sein de la municipalité pour lutter contre la spéculation immobilière et l’augmentation des loyers. Mais nous mettrons toute notre énergie pour construire un rapport de force suffisant. Nous pensons qu’une puissante mobilisation, relayée par des élu.e.s de combat, peut faire plier l’adversaire.

Envisager un plafonnement des loyers des locaux commerciaux est une piste à travailler, mais un plafonnement dans ce domaine est bien plus complexe qu’en matière de location de logement. D’autant que les expérimentations en ce sens sont particulièrement timides et tardives. Le plafonnement du loyer est déjà par ailleurs prévu dans la législation du bail commercial.

Nous serons aux côtés des artistes et artisans pour que leurs droits soient respectés. Nous pourrons aussi travailler ensemble à trouver les leviers utiles au respect des zones protégées « artisanat », étendre ces zones, et investir dans des biens fonciers appartenant à la collectivité et utiles à l’exercice des activités artisanales et artistiques, réserver des RDC d’immeubles sociaux ou dédier même des bâtiments communaux comme le propose notre programme culture.

Karim Amellal, liste « Ensemble pour Paris »
S’agissant du quartier Sainte-Marthe, je peux vous assurer que je suis très attaché à sa singularité, à son histoire et à son âme. Malgré le soutien public dont ce quartier a bénéficié au cours des dernières années, il est la proie d’opérations de spéculation pour le moins critiquables. Maire du 10ème, je serai très attentif à en préserver le caractère populaire et la vocation artisanale, y compris en mobilisant les outils de la Ville, notamment par l’intermédiaire d’une société d’économie mixte (comme la Semaest), pour qu’elle puisse procéder à de la préemption commerciale.

Bertil Fort, liste « Engagés pour changer Paris »
S’agissant du quartier Sainte-Marthe et Moinon et [de] la lutte contre la spéculation immobilière, il s’agit d’un combat important parce qu’il donne le ton sur ce que nous souhaitons pour l’avenir du 10ème : voulons-nous un arrondissement « gentrifié » avec des commerces que l’on pourrait retrouver n’importe [où] ou un arrondissement qui aura su se transformer tout en préservant son identité et en protégeant ceux qui y habitent et y travaillent ? Avec Rachida Dati, nous souhaitons la deuxième option.

S’agissant de ce dossier en particulier, nous partageons probablement tous la même vision. Toutefois, avec Rachida Dati, nous ne resterons pas dans la posture. Nous reprendrons le dossier en urgence et nous mettrons en place une nouvelle méthode : plus pragmatique, plus transparente et plus constructive.

Bien que nous ne fermons pas la porte à la préemption ciblée de locaux commerciaux ailleurs dans le 10ème, il nous semble difficile de parvenir à faire de la « préemption renforcée »… C’est un mécanisme complexe avec peu de chances de succès. Pour le quartier Sainte-Marthe et Moinon, il y a urgence ! La priorité est surtout de :

– clarifier la situation avec la SIN (Société Immobilière de Normandie) ;
– aider les artistes qui sont présents ;
– co-construire l’avenir du quartier avec l’ensemble des acteurs : habitants, associations, Mairie d’arrondissement, Ville de Paris et la SIN.

L’exemple du 6ème arrondissement nous montre que si nous souhaitons préserver l’identité de quartiers, il faut travailler en étroite relation avec l’ensemble des acteurs, y compris privés. Partout où on a entretenu la confrontation, partout les Mairies ont fini par abandonner le combat par manque de moyens ou de volonté.

C’est pourquoi, avec Rachida Dati, nous préconisons le plan d’action suivant :

– Mise en place immédiate d’un droit de regard de la Mairie sur toutes les nouvelles installations pour y maintenir des artistes et des artisans
– Organisation moins de deux mois après l’élection d’une table ronde entre la Ville de Paris, la Mairie du 10ème arrondissement, les associations concernées et la SIN. Nous avons les moyens de la contraindre s’il le faut. L’objectif sera de dévoiler les intentions et le projet de la SIN dans ce quartier. Cette réunion devra ensuite continuer tous les deux mois pour faire le point sur les évolutions
– Sélection stricte des commerçants pour les locaux gérés par des bailleurs sociaux dans le quartier
– Vigilance renforcée sur le respect de la loi sur l’augmentation des loyers, quitte à engager la responsabilité pénale du bailleur si elle n’est pas respectée : pendant la période des trois ans après la reprise et au moment du renouvellement du bail
– Vigilance renforcée sur la transformation des locaux et des devantures

En parallèle, nous mettrons en place des mécanismes de soutien aux artistes et artisans :

– Fonds de soutien permanent pour aider les artistes, artisans et commerçants quand ils ont des pertes de revenus exceptionnelles
– Création d’un label « Devanture parisienne » en partenariat avec la Caisse des Dépôts pour ceux qui s’engagent en faveur de la préservation du caractère de nos quartiers. Cela évitera qu’il y ait les transformations des locaux qui sont en train d’apparaître dans votre quartier
– Diminution des taxes

Il est également important de les protéger contre la location de meublés touristiques de courte durée dans cette zone :

– Obligation des plateformes de faire la démonstration de leur volonté d’être conformes à la législation : au moment de l’inscription, les propriétaires devront inscrire le numéro de contribuable ou le numéro de la SCI
– Augmentation du nombre de contrôleurs à la Mairie de Paris (ils sont seulement 30 aujourd’hui)
– Réduction du nombre de nuités autorisées en accord avec le Gouvernement

Il faut que les associations puissent jouer pleinement leur rôle de lanceur d’alerte et que la Mairie d’arrondissement puisse fournir les conseils juridiques demandés et servir de relais efficace auprès de la Mairie centrale. C’est pourquoi, dans le 10ème, je repenserai la relation entre la Mairie et les associations en la basant sur deux principes : la proximité et la réactivité. Je lancerai ainsi :

– Le « Comptoir du 10ème » en Mairie, sur Internet et en mobilité pour les informer, répondre à leurs questions et les accompagner au quotidien
– Les « Cafés mensuels du Maire » pour faciliter les échanges d’informations entre les acteurs de terrain et les équipes en Mairie
– Enfin, l’adjoint au commerce du 10ème devra être présent à chaque réunion et devra rendre des comptes aux associations et aux habitants tous les mois

C’est la combinaison de ces mesures qui nous permettra de construire ensemble le futur de ce quartier tout en préservant son identité et en protégeant ceux qui y travaillent actuellement.

Pierre Henry, liste « Le Nouveau Paris »
Nous croyons que la diversité des commerces fait la diversité des quartiers. Nous nous sommes clairement engagés à la maintenir et à la préserver.

S’il faut avoir en tête que les possibilités d’action de la mairie sont limitées, elles n’en existent pas moins.

D’une part, nous pensons qu’il faut renforcer les politiques en faveur du maintien de l’artisanat et du commerce, notamment au travers [de] l’action de la SEMAEST – la possibilité de préempter baux et murs doit être rendue effective. Également, les loyers demandés doivent être réajustés à la baisse, pour rester accessibles aux artisans/commerçants et ne pas alimenter l’inflation des loyers commerciaux à Paris !

Concernant la place Sainte-Marthe, nous avons conscience que le cadre actuel ne permet plus d’intervenir sur la transaction réalisée. Nous avons cependant noté que, dans le cadre du PLU de la ville de Paris, le quartier Sainte-Marthe apparait comme une zone de protection de l’artisanat particulière. Nous ne retrouvons pas cette information sur le site de la mairie du 10ème.

Ce classement a pour conséquence que la foncière ne peut pas signer de nouveaux baux avec des activités autres qu’artisanales.

De manière plus générale, la mairie est compétente sur l’aménagement urbain, ce qui lui permet d’ouvrir des discussions avec les investisseurs ; il revient à la mairie d’utiliser pleinement les compétences qui lui sont dévolues pour préserver les équilibres des quartiers, ce que nous nous engageons à faire.

***

En souhaitant bon vote à tous.

Le quartier Sainte-Marthe dans la campagne des municipales

Le 13 février, les associations OCBaux et Saint-Louis Sainte-Marthe se sont réunies pour s’adresser aux candidats à la mairie du 10e en leur demandant de concrétiser leurs engagements pour le quartier, actuellement sous la menace d’une opération de spéculation immobilière de grande envergure (en effet, la Société immobilière de Normandie, propriétaire d’une grosse centaine de lots, dont 80 locaux d’activité en rez-de-chaussée, est passée fin octobre sous le contrôle de la société d’investissement Edmond Coignet, spécialisée dans la « valorisation immobilière »).

Les candidats étaient priés de s’exprimer notamment sur les trois points du vœu dans lequel l’exécutif municipal exprimait en novembre dernier, en Conseil de Paris, son souhait :
– de préserver l’identité du quartier par le maintien des artistes et artisans déjà en place et de favoriser l’installation de nouveaux artisans et artistes dans les locaux vides ;
– d’étudier les dispositions à prendre pour que la Ville se substitue à l’acheteur de la SIN ;
– d’organiser « dans les meilleurs délais » une rencontre (qu’on attend toujours) avec les nouveaux propriétaires et gérants de la SIN pour « clarifier leurs intentions ».
et sur deux propositions issues des habitants :
– que les rues Sainte-Marthe et Jean-et-Marie-Moinon soient jumelées avec le Pôle d’activité artisanale qui devrait voir le jour à Belleville en 2021 ;
– qu’après les OPAH des années 1990-2000 (20 millions d’euros d’argent public donnés aux propriétaires pour sortir les rues Sainte-Marthe et Moinon de l’insalubrité), le quartier Sainte-Marthe devienne aujourd’hui un quartier pilote sur le contrôle du prix de vente du foncier et l’encadrement des loyers.

Nous publions ci-dessous, par ordre d’arrivée, les réponses reçues, déjà diffusées aux membres des deux associations, mais qui peuvent nous intéresser tous.

Alexandra Cordebard, liste « Paris en commun » :

Par courrier du 13 février dernier, vous avez souhaité m’interroger sur les mesures que je souhaite mettre en œuvre pour permettre, lors du prochain mandat municipal, de maintenir la singularité du quartier Jean et Marie Moinon – Sainte-Marthe, aujourd’hui menacé par la spéculation immobilière.

Je veux une fois encore vous dire mon soutien personnel et celui de mon équipe aux combats que mènent vos deux associations pour la préservation du quartier, de sa mixité sociale, de ses artisans et commerçants, et pour la défense des locataires de la Société Immobilière de Normandie (SIN).

Ces combats rejoignent d’ailleurs les préoccupations, plus larges, de notre majorité, qui n’a eu de cesse ces dernières années d’investir dans les quartiers populaires, dont le quartier Sainte-Marthe, pour la préservation du patrimoine ouvrier, la construction de nouveaux logements sociaux et qui s’est engagée pour la mise en place, puis le rétablissement, de l’encadrement des loyers, le maintien des classes populaires et des classes moyennes dans Paris intramuros, et la résorption de l’habitat insalubre.

Il n’en reste pas moins que la situation créée par la vente de la SIN à une société spécialisée dans la gestion d’actifs immobiliers a mis en lumière les lacunes de la législation actuelle en matière de protection de l’artisanat et de protection des locataires, notamment de baux commerciaux, dans le cadre d’une opération de spéculation immobilière.

J’en veux pour preuve le fait que le changement de propriétaire de la SIN, bien qu’étant intervenu de manière légale, n’a à aucun moment été porté à la connaissance des pouvoirs publics, interdisant de fait toute procédure de préemption ou de régulation à l’échelle du quartier. Cela est d’autant plus incompréhensible que la Ville de Paris était prête au rachat de la SIN et de ses actifs, et l’avait fait savoir à ses anciens propriétaires.

Depuis ce transfert de propriété, notre action s’est prioritairement concentrée sur la protection des locataires de la SIN menacés par des procédures d’expulsion ou de non-renouvellement de leur bail. Je suis ainsi intervenue auprès du nouveau propriétaire, et j’ai obtenu de sa part la suspension de procédures en cours contre certains locataires.

En parallèle, et à ma demande, la direction de l’urbanisme de la Ville a rappelé à la SIN l’ensemble des protections existantes dans le quartier (protection des « Maisons et Villas » qui impose des règles strictes en cas de travaux, protection particulière de l’artisanat pour la location des locaux commerciaux, obligation de création de logements sociaux en cas d’opération de construction ou de réhabilitation d’importance), ainsi que ses obligations vis-à-vis de ses locataires et de la municipalité.

Anne Hidalgo, qui est venue à votre rencontre au mois de janvier, a interpellé directement le propriétaire de la SIN pour lui indiquer qu’elle se tiendrait aux côtés des habitants, des artistes et artisans du quartier si ses actions dénaturaient le quartier et bouleversaient son équilibre actuel. Cette interpellation a également été l’occasion de redire au nouveau propriétaire que la mairie du 10earrondissement était disponible pour une rencontre tripartite avec ses locataires.

Enfin, j’ai aussi souhaité mettre en valeur les savoir-faire du quartier en accueillant, à la mairie du 10e, l’exposition des artistes et artisans du quartier, que je souhaite voir réinvestir les lieux régulièrement.

Je suis par ailleurs déterminée à empêcher toutes les manœuvres d’éviction spéculative qui pourraient être engagées contre les locataires de la SIN. Je souhaite ainsi que la Ville fasse prévaloir, quand cela sera nécessaire, son droit de préemption et que le quartier puisse intégrer le dispositif de préemption des baux commerciaux, dont le principe a été validé par le Conseil de Paris et que je souhaite voir devenir opérationnel rapidement.

S’agissant toujours de l’avenir, sachez que je soutiens votre proposition de rejoindre le futur pôle artisanal de Belleville qui comprendra à terme, sur son site du 20arrondissement, 1800 md’ateliers réservés aux artisans, financés par la Ville de Paris. L’intégration des artisans du quartier Sainte-Marthe dans ce nouvel écosystème leur permettra de mieux faire connaître leurs activités et savoir-faire, de bénéficier par exemple du label « Fabriqué à Paris » et leur offrira de nouveaux débouchés indispensables à la pérennisation de leurs activités.

Enfin, s’il n’existe pas aujourd’hui de dispositif légal encadrant le prix de vente du foncier privé et donc de possibilité de le mettre en place dans le quartier, je soutiens sans réserve les propositions d’Anne Hidalgo en matière de logement. Ainsi, nous créerons une société immobilière mixte chargée d’investir 20 milliards d’euros en 6 ans et qui proposera des loyers 20 % inférieurs aux prix du marché, nous poursuivrons notre politique de production et d’achat de logements pour atteindre 25 % de logements sociaux à Paris en 2026 (soit environ 1.500 logements sociaux supplémentaires dans le 10earrondissement), nous favoriserons l’accession sociale à la propriété avec la vente de 6.000 logements à moitié prix par dissociationdu foncier et du bâti, et nous créerons une garantie de la Ville de Paris pour les loyers des artistes non-salariés.

Nous proposerons également aux Parisiens de se prononcer par référendum sur l’orientation de la Ville en matière de locations saisonnières de type Airbnb. Je suis pour ma part favorable à une limitation stricte de cette activité à 30 jours par an. Cette limitation doit permettre aux Parisiens, en particulier de la classe moyenne, de continuer à toucher des compléments de revenu dans une ville ou l’accès au logement reste difficile, tout en permettant de remettre sur le marché locatif parisien, l’essentiel des près de 60.000 logements aujourd’hui mis à la location sur les plateformes de location et qui sont responsables de la hausse des prix à Paris, aussi bien à l’achat qu’à la location.

Vous l’aurez compris, mon équipe et moi-même resterons mobilisés à vos côtés. Je reste pour ma part à votre écoute et à votre disposition pour continuer à travailler avec les habitants sur le devenir du quartier.

Je vous prie d’agréer, Mesdames les Présidentes, l’expression de mes sentiments dévoués.

*

Pierre-Yves Zentar, liste « Parisiennes, Parisiens »

Je considère le sujet de la diversité de nos quartiers comme prioritaire pour la ville de Paris. Comme je vous le disais, s’il y a des arbitrages budgétaires à faire, je préférerais renoncer au réaménagement d’une place pour soutenir un quartier. Certains travaux peuvent attendre, recréer la richesse humaine de certains quartiers serait impossible si nous la laissons disparaître.

À titre personnel, la défense de la diversité sous toutes ses formes est la raison de mon engagement en politique, et en particulier dans un mouvement citoyen. Je pense que tous ensemble nous pouvons travailler à une ville plus heureuse et plus juste.

Il me semble important que la notion de qualité de vie et de plaisir n’échappe pas aux quartiers les plus difficiles, c’est un enjeu essentiel de justice sociale.

Notre ville manque parfois d’éducation et de plaisir, les activités artistiques offrent les deux.

Concernant les actions concrètes :

– À très court terme : convoquer la société Edmond Coignet devant un panel constitué des différentes listes candidates aux élections municipales et des associations. Obtenir des clarifications concernant le projet de cet investisseur → spéculation, rendement locatif ?

– Mettre en place suite à cette entretien un comité d’évaluation mensuel, pour analyser l’évolution de la situation. Ce comité devrait inclure les associations et des personnalités pouvant apporter leurs compétences. Il doit également s’assurer d’être en lien avec les médias.

– À moyen terme : s’assurer que le PLU soit parfaitement en adéquation avec l’objectif de maintien de la diversité dans le quartier. Demander les modifications nécessaires si ce n’est pas le cas.

– Création d’une foncière de la ville de Paris dédiée à investir dans la diversité des quartiers.

– Créer un lieu d’exposition permanent dans le quartier afin de permettre aux artistes et aux artisans de montrer leur savoir faire. Ce lieu doit être financé par la ville de Paris, mais géré par des acteurs locaux. Il doit également avoir pour vocation de redynamiser le quartier afin d’avoir un impact positif sur les commerces indépendants, les restaurants et les bars du quartier.

*

Hugo Roëls, liste « Décidons Paris »

Je vous remercie pour votre interpellation et vous assure de notre total soutien dans votre lutte. Par votre courrier du 13 février dernier, vous attirez particulièrement notre attention sur les menaces qui pèsent depuis quelques mois sur le quartier Sainte Marthe, en cette période de campagne pour les Municipales à Paris.

Nous tenons tout d’abord à vous remercier et à saluer votre ténacité et votre inventivité.

En effet, vous avez su trouver l’énergie et les moyens pour vous mobiliser ensemble artistes, artisans et habitants du quartier Sainte Marthe pour alerter les pouvoirs publics, et engager de nombreuses actions collectives. Danielle Simonnet conseillère de Paris sortante et candidate à la Mairie de Paris dans le 20ème arrondissement ainsi que les candidat.e.s de notre liste Décidons Paris 10ème ont été présent.e.s à vos côtés dans toutes les actions dont vous avez pris l’initiative : conférences de presse, exposition sur l’histoire du quartier, sapin des luttes, casserolade, exposition des œuvres des artistes et artisans du quartier à la Mairie du 10ème et une magnifique table ronde-débat le 29 février 2020 sur les enjeux de la ville de demain.

Nous sommes inquiets, avec vous, des menaces qui pèsent aujourd’hui sur le quartier Sainte Marthe, mais également sur d’autres quartiers parisiens.

Nous pensons en effet que Paris court à la catastrophe écologique et sociale si nous ne changeons pas de cap et si nous ne sortons pas de la vision économique périmée et dangereuse qui repose sur la croissance et l’attractivité.

Nous ne supportons pas que des personnes dorment encore dans la rue ou des logements insalubres alors que AIRBNB étend son pouvoir sur la ville et que le 10e compte 7 000 logements vides. Les conséquences de la prise de pouvoir de cette plateforme numérique dans notre ville comme dans d’autre grandes villes du monde sont la spéculation immobilière, la hausse des loyers faisant partir les habitants les moins fortunés ainsi que nos artisans et nos artistes.

Les habitants et professionnels ont raison de s’inquiéter de l’investissement des locaux commerciaux pour des activité de type AIRBNB à Paris. L’actuelle majorité s’est d’ailleurs émue de l’affaire et elle demande des leviers législatifs.

Or, nous avons affaire à des prédateurs qui chassent les habitants et les professionnels du cœur des villes.  Nos quartiers risquent d’être défigurés si nous laissons Paris devenir une vitrine touristique. Par honnêteté, nous devons vous dire qu’une municipalité, y compris Paris, n’a pas aujourd’hui les leviers pour faire échec à l’action de ces groupes, notamment protégés par des directives européennes (directive Services, directive e.commerce).

Les litiges entre les villes européennes et AIRBNB sont actuellement tranchés en faveur d’AIRBNB.

Nous n’aurons pas, si nous sommes élus, tous les leviers au sein de la municipalité pour lutter contre la spéculation immobilière et l’augmentation des loyers. Mais nous mettrons toute notre énergie pour construire un rapport de force suffisant. Nous pensons qu’une puissante mobilisation, relayée par des élu.e.s de combat, peut faire plier l’adversaire.

Envisager un plafonnement des loyers des locaux commerciaux est une piste à travailler, mais un plafonnement dans ce domaine est bien plus complexe qu’en matière de location de logement. D’autant que les expérimentations en ce sens sont particulièrement timides et tardives. Le plafonnement du loyer est déjà par ailleurs prévu dans la législation du bail commercial.

Nous serons aux côtés des artistes et artisans pour que leurs droits soient respectés. Nous pourrons aussi travailler ensemble à trouver les leviers utiles au respect des zones protégées « artisanat », étendre ces zones, et investir dans des biens fonciers appartenant à la collectivité et utiles à l’exercice des activités artisanales et artistiques, réserver des RDC immeubles sociaux ou dédier même des bâtiments communaux comme le propose notre  programme culture.

Notre liste de candidat.e.s à Paris 10ème s’engage à utiliser tout le champ du pouvoir municipal pour que la ville soit l’espace où se nouent et se construisent les relations sociales.

Nous voulons remettre au cœur l’échange, le partage, le savoir et l’entraide et libérer la ville de l’emprise de l’argent.

Je vous adresse mes salutations sincères et, au nom de la liste Décidons Paris 10, tout notre solidarité dans votre lutte.

*

Sylvain Raifaud, liste « L’écologie pour Paris 10e »

Nous accusons réception de votre courrier du 13 février nous interrogeant concernant la position de la liste « L’écologie pour Paris 10e » vis-à-vis des opérations immobilières spéculatives en cours dans le quartier Sainte Marthe.

Depuis le début de la construction de notre programme pour les élections municipales, l’avenir du quartier figure en première ligne de nos propositions pour l’arrondissement : nous nous engageons à y créer un quartier municipal d’artisans et d’artistes. Nous soutenons ainsi les propositions des habitants de créer un pôle d’activité artisanale et artistique, qui pourra être jumelé avec d’autres pôles à Paris ou ailleurs, sur l’impulsion de ses acteurs.

Nous réaffirmons notre engagement pour le quartier et son avenir, dans la même ligne exprimée lors de l’adoption en novembre 2019 du vœu par le Conseil de Paris que vous citez dans votre lettre et que nous avons initié. Le quartier Sainte Marthe représente pour notre liste un grand projet qui nous occupera pendant la mandature à venir et qui sera travaillé en lien étroit et permanent avec vous.

Déclarer son soutien moral ne suffit pas ; nous regrettons que la Ville ait refusé de se substituer à l’acheteur de la Société Immobilière de Normandie (SIN)quand il était encore possible de reprendre les biens de cette société, pour un montant raisonnable.

Concrètement et à court terme, il est temps d’initier un dialogue, encadré juridiquement, avec la SIN et l’intégralité des acteurs économiques qui la composent.

Nous nous engageons à participer au soutien juridique et à la mobilisation, pour clarifier la situation concernant les baux, l’administration des biens, la situation des syndics, etc. et s’assurer du strict respect du cadre juridique de toute opération immobilière.

En tant que nouveaux élus, nous ferons instruire le dossier en le versant au Plan d’Investissement de la Mandatureafin de réaliser cette opération immobilière d’envergure, et nous demanderons un accompagnement juridique officielavec le concours des services et opérateurs de la Ville de Paris. Les déclarations d’intention d’aliéner (DIA) émises par la SIN seront traitées avec attention, afin d’étudier systématiquement la possibilité dans chaque cas de préempter les locaux, logements et baux commerciaux.

*

Bertil Fort, liste « Rejoignez le changement pour le 10ème » :

Je tenais tout d’abord à vous féliciter pour votre travail au service de votre quartier, des artistes qui y travaillent et des personnes qui y habitent. Vous contribuez à préserver l’esprit et l’identité de notre 10ème arrondissement.

Je souhaitais également vous remercier pour notre rencontre du 27 février. Cela nous a permis d’alimenter et d’affiner notre projet pour Paris.

S’agissant du quartier Sainte-Marthe et Moinon et la lutte contre la spéculation immobilière, il s’agit d’un combat important parce qu’il donne le ton sur ce que nous souhaitons pour l’avenir du 10ème : voulons-nous un arrondissement « gentrifié » avec des commerces que l’on pourrait retrouver n’importe [où] ou un arrondissement qui aura su se transformer tout en préservant son identité et en protégeant ceux qui y habitent et y travaillent ? Avec Rachida Dati, nous souhaitons la deuxième option.

S’agissant de ce dossier en particulier, nous partageons probablement tous la même vision. Toutefois, avec Rachida Dati, nous ne resterons pas dans la posture. Nous reprendrons le dossier en urgence et nous mettrons en place une nouvelle méthode : plus pragmatique, plus transparente et plus constructive.

Bien que nous ne ferm[i]ons pas la porte à la préemption ciblée de locaux commerciaux ailleurs dans le 10ème, il nous semble difficile de parvenir à faire de la « préemption renforcée »… C’est un mécanisme complexe avec peu de chances de succès. Pour le quartier Sainte-Marthe et Moinon, il y a urgence ! La priorité est surtout de :

– clarifier la situation avec la SIN (Société Immobilière de Normandie) ;
– aider les artistes qui sont présents ;
– co-construire l’avenir du quartier avec l’ensemble des acteurs : habitants, associations, Mairie d’arrondissement, Ville de Paris et la SIN.

L’exemple du 6ème arrondissement nous montre que si nous souhaitons préserver l’identité de quartiers, il faut travailler en étroite relation avec l’ensemble des acteurs, y compris privés. Partout où on a entretenu la confrontation, partout les Mairies ont fini par abandonner le combat par manque de moyens ou de volonté.

C’est pourquoi, avec Rachida Dati, nous préconisons le plan d’action suivant :

Mise en place immédiate d’un droit de regard de la Mairie sur toutes les nouvelles installations pour y maintenir des artistes et des artisans
Organisation moins de deux mois après l’élection d’une table ronde entre la Ville de Paris, la Mairie du 10ème arrondissement, les associations concernées et la SIN. Nous avons les moyens de la contraindre s’il le faut. L’objectif sera de dévoiler les intentions et le projet de la SIN dans ce quartier. Cette réunion devra ensuite continuer tous les deux mois pour faire le point sur les évolutions
Sélection stricte des commerçants pour les locaux gérés par des bailleurs sociaux dans le quartier
Vigilance renforcée sur le respect de la loi sur l’augmentation des loyers, quitte à engager la responsabilité pénale du bailleur si elle n’est pas respectée : pendant la période des trois ans après la reprise et au moment du renouvellement du bail
Vigilance renforcée sur la transformation des locaux et des devantures

En parallèle, nous mettrons en place des mécanismes de soutien aux artistes et artisans :

Fonds de soutien permanent pour aider les artistes, artisans et commerçants quand ils ont des pertes de revenus exceptionnelles
Création d’un label « Devanture parisienne » en partenariat avec la Caisse des Dépôts pour ceux qui s’engagent en faveur de la préservation du caractère de nos quartiers. Cela évitera qu’il y ait les transformations des locaux qui sont en train d’apparaître dans votre quartier
Diminution des taxes

Il est également important de les protéger contre la location de meublés touristiques de courte durée dans cette zone :

Obligation des plateformes de faire la démonstration de leur volonté d’être conformes à la législation : au moment de l’inscription, les propriétaires devront inscrire le numéro de contribuable ou le numéro de la SCI
Augmentation du nombre de contrôleurs à la Mairie de Paris (ils sont seulement 30 aujourd’hui)
Réduction du nombre de nuitées autorisées en accord avec le Gouvernement

Il faut que les associations puissent jouer pleinement leur rôle de lanceur d’alerte et que la Mairie d’arrondissement puisse fournir les conseils juridiques demandés et servir de relais efficace auprès de la Mairie centrale. C’est pourquoi, dans le 10ème, je repenserai la relation entre la Mairie et les associations en la basant sur deux principes : la proximité et la réactivité. Je lancerai ainsi :

Le « Comptoir du 10ème » en Mairie, sur Internet et en mobilité pour les informer, répondre à leurs questions et les accompagner au quotidien
Les « Cafés mensuels du Maire » pour faciliter les échanges d’informations entre les acteurs de terrain et les équipes en Mairie
Enfin, l’adjoint au commerce du 10ème devra être présent à chaque réunion et devra rendre des comptes aux associations et aux habitants tous les mois

C’est la combinaison de ces mesures qui nous permettra de construire ensemble le futur de ce quartier tout en préservant son identité et en protégeant ceux qui y travaillent actuellement.

Pour terminer, au-delà de la campagne des municipales, nous espérons pouvoir compter sur vous pour nous aider à porter ces réformes, pour nous aider à affiner certaines de nos propositions et pour nous en suggérer de nouvelles.

*

Karim Amellal, liste « Ensemble pour Paris »

Vous avez souhaité attirer mon attention sur les évolutions du quartier Sainte-Marthe. En tant qu’habitant proche de ce quartier depuis plusieurs années (avenue Parmentier, côté 10ème bien entendu), je suis très attentif à ce qu’il s’y passe et aux préoccupations des riverains.

Le quartier Sainte-Marthe a une valeur historique et patrimoniale importante dans notre arrondissement. Il a fait l’objet d’un engagement public important et je peux vous assurer que je suis très attaché à sa singularité et à son âme, mais aussi bien conscient des difficultés rencontrées.

La vente récente par la société immobilière de Normandie (SIN) des lots qu’elle possédait dans ce quartier à la société Edmond Coignet a suscité de légitimes inquiétudes pour l’avenir du quartier. Il devient la proie d’opérations de spéculation pour le moins critiquables.

Maire du 10ème, je serai très attentif à préserver le caractère populaire et la vocation artisanale de ce quartier. Dès mon élection, j’organiserai une rencontre avec les nouveaux propriétaires afin de mieux cerner leurs intentions et je leur redirai combien ce quartier compte à nos yeux et pourquoi il est essentiel de trouver une solution. Au besoin, si la situation continue de se dégrader, je n’hésiterai [pas] à mobiliser les outils de la Ville, notamment par l’intermédiaire d’une société d’économie mixte (comme la Semaest), pour qu’elle puisse procéder à de la préemption commerciale.

Le quartier Sainte-Marthe, en s’appuyant sur les artistes et les artisans qui y sont installés et avec l’apport du pôle d’activités artisanal qui se créera à proximité en 2021, doit retrouver sa vitalité et son dynamisme.

Sur ce sujet comme sur tous les autres, je puis vous assurer de ma volonté et de ma détermination à œuvrer au service des habitants et des commerçants du quartier. Je ne suis pas un apparatchik de la politique, mais un homme d’idées et d’action. Je me suis engagé dans ces municipales pour contribuer avec efficacité à améliorer notre cadre de vie et à faire de ces quartiers que nous aimons et où nous vivons des lieux plus sûrs, plus propres, plus solidaires et plus apaisés.

*

Pierre Henry, liste « Le Nouveau Paris »

Je fais suite à votre lettre ouverte dans laquelle vous exposez la menace que représente l’achat majoritaire de la SIN de Normandie, qui détient 120 lots dans le quartier Sainte-Marthe, par une société d’investissement, pour l’activité artisanale et artistique du quartier. Plus généralement vous dénoncez les risques de la spéculation immobilière à Paris et sollicitez l’expression de nos engagements pour garantir la préservation de la mixité sociale et le maintien de l’activité d’art et d’artisanat vivant.

Nous avons été en mesure d’échanger oralement avec vous à ce sujet lors de notre visite à Cédric Villani et moi-même le 24 janvier dernier. Avec vous, nous avons apprécié à sa juste mesure la richesse créative du quartier et partagé le constat de la détresse des artisans dont certains ont vu leur bail non renouvelé provoquant le départ de plusieurs d’entre eux.

Nous constatons avec vous les marges de manœuvre limitées des pouvoirs publics. S’agissant d’une opération de droit privé et de l’absence de transaction immobilière par lot, les capacités de préemption de la mairie sont limitées malgré le classement des parcelles en zone de préemption renforcée. Nous prenons acte du classement du quartier dans le PLU en zone de protection du commerce et de protection particulière de l’artisanat, qui permet toutefois de conserver la destination des baux en rez-de-chaussée pour l’artisanat limitant le risque d’évolution brutale du quartier.

Nous souhaitons d’abord exposer ici la démarche éco-progressiste qui est celle de Cédric Villani et la mienne à l’écoute de vos préoccupations : fondée sur une démarche privilégiant la démocratie active et sur une équipe rassemblant une liste de citoyens de la société civile dont une partie sélectionnée par tirage au sort, le seul intérêt que nous défendons est celui des Parisiens.

Pour exercer cette responsabilité de proximité avec intelligence, nous croyons à une démocratie active. Aussi, nous proposerons une charte d’engagements mutuels aux associations, qui verront leur pouvoir d’interpellation des élus accru. Elles pourront faire inscrire des sujets à l’ordre du jour du conseil d’arrondissement ; élus et administration auront l’obligation d’y apporter des réponses.

Les pouvoirs du maire d’arrondissement seront renforcés sur les questions d’aménagement, de propreté et de sécurité afin que cette proximité rime avec amélioration réelle du cadre de vie des habitants.

Le constat que vous faites sur la spéculation immobilière est largement partagé dans l’arrondissement, j’ai pu m’en apercevoir au cours de mes nombreuses consultations avec les acteurs associatifs du 10ème arrondissement. L’équipe municipale sortante n’a pas été capable d’en prendre la mesure et de lutter efficacement contre cela. Afin de mettre à disposition davantage de logements pour les familles et classes moyennes, nous réduirons de moitié le nombre de nuitées AirBnB autorisées, renforcerons les inspections et contribuerons par des mesures fiscales à remettre les logements inoccupés ou classés résidences secondaires sur le marché de la location, par ailleurs nous ferons en sorte d’atteindre 25 % de logements sociaux à Paris en 2025.

L’éviction des artisans est également un signe de délitement de la diversité commerciale. Elle pose la question du soutien à apporter par la ville aux baux commerciaux. Nous relancerons l’opération Vital’Quartier en renforçant les capacités financières de préemption de bail de la société d’économie mixte SEMAEST qui se verra dédier 35 M EUR pour son activité de diversification commerciale et de lutte contre la vacance commerciale.

Le quartier Sainte-Marthe rassemble des artistes qui recèlent une richesse inestimable et doivent être soutenus. Paris, ville lumière, brille en partie grâce à eux. Notre ville doit redevenir une ville hospitalière pour les artistes en leur permettant de se loger, de vivre et de créer à Paris. Nous souhaitons multiplier les expériences telles que la Villa du Lavoir gérée par la RIVP dans le 10ème et qui propose des surfaces d’artisanat pour des loyers modérés. En tout, nous proposons de créer 500 ateliers-logements supplémentaires pour les artistes.

Le patrimoine architectural et immatériel de cette cité ouvrière datant du milieu du XIXsiècle plusieurs fois restaurée est exceptionnel et doit être sauvegardé. Pour assurer la pérennité de l’aspect du quartier, nous étudierons la possibilité de classer les bâtiments comme « bâtiments protégés » au titre de la protection des formes urbaines et du patrimoine architectural dans le Plan local d’urbanisme. Nous soutiendrons les initiatives des habitants telles que les expositions éphémères pour faire connaître le patrimoine immatériel du quartier établi par des générations d’artisans. Nous proposons de valoriser le quartier et ses créations dans une promenade thématique sur Paris et son Histoire.

J’espère sincèrement que cette démarche que nous vous proposons de construire ensemble dès maintenant participera de la confiance que je veux nouer avec l’ensemble des habitants et commerçants du 10ème pour en faire un lieu de vie dynamique, vivant et apaisé, préparé aux enjeux de demain.

 

 

 

Alerte à Sainte-Marthe !

Au Conseil d’arrondissement de jeudi dernier, en réponse à une question de pré-conseil posée par des habitants du quartier les élus du 10e ont voté à l’unanimité un vœu de soutien à l’action de l’association OCBaux pour préserver Sainte-Marthe comme « quartier populaire d’art et d’artisanat).

Une pétition lancée le mois dernier à l’occasion du traditionnel vide-grenier du quartier explique la situation : https://www.change.org/p/anne-hidalgo-pr%C3%A9servons-sainte-marthe-paris-xe-quartier-populaire-d-art-et-d-artisanat

La mise en vente de la SIN (Société immobilière de Normandie), propriétaire de 120 lots dans le quartier fait craindre une opération spéculative de grande envergure qui entraînerait une hausse massive des loyers et viderait les rues Sainte-Marthe et Jean-et-Marie-Moinon des artistes et des artisans qui font l’identité de cet îlot de vie et de couleur dans une ville de plus en plus grise.

L’association Saint-Louis Sainte-Marthe appelle à un apéro de rue mercredi 6 novembre, de 19 h à 21 h dans la « barre du H » (sous la banderole qu’ont pu admirer ceux qui sont passés ces jours-ci dans le quartier) pour faire le point ensemble sur ce que chacun peut faire.

Avis aux habitants !

Voir aussi en page ACTUS et http://conseilsdequartiersparis10.org/faubourg-du-temple-hopital-saint-louis/commissions/cadre-de-vie/reunion-publique-dinformation-sur-lavenir-du-boulevard-de-belleville-824

Lire la lettre ouverte du Collectif Belleville Saint-Maur au conseiller municipal EELV David Belliard.

Mise à jour (16 février 2019) :
La réunion du 11, très animée, a amené  François Vauglin, maire du 11e, à revoir sa copie. Pour cette raison, le document de présentation n’a pas été communiqué aux personnes ayant assisté à la réunion et n’est consultable sur le site d’aucune des mairies concernées. Nous attendons toujours des informations détaillées sur le calendrier et la nature précise des travaux (annoncés le lundi 11 comme devant débuter dès le lundi 25 février pour une durée de 9 mois). En attendant, nous vous renvoyons au Parisien qui a fait savoir, dans son numéro du mardi 12 (http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-le-boulevard-de-belleville-conservera-bien-ses-pistes-cyclables-12-02-2019-8010441.php), que la piste cyclable serait maintenue dans son emplacement actuel et que l’ensemble du boulevard serait passé en « zone 30 ». Nous gardons donc espoir de pouvoir éviter les reports de circulation liés à une fermeture du boulevard.

Et à côté de chez nous, pendant ce temps-là…

Ce blog a été bien silencieux depuis près d’un an. Notre objectif concernant les locaux commernciaux de la résidence Bichat-Temple ayant été atteint, on pourrait à la limite le comprendre… s’il n’y avait ce qui se passe un peu partout autour de nous : le projet du groupe Auchan (bien connu de ceux qui nous gouvernent comme des opposants au projet EuropaCity) de transformer ni vu ni connu la Gare du Nord en une galerie commerciale géante ou, au cœur de notre quartier, la transformation d’un hôtel social en établissement bobo cinq étoiles aux frais du 115. Nous prêtons nos pages aux infos qui circulent dans le quartier. Merci à tous ceux qui pourraient les faire atteindre des oreilles capables d’agir.

Expulsion des familles, et transformation d’un hôtel social du 10ème en un hôtel ultra-branché: symbole de la gentrification galopante à Paris

L’histoire pas banale d’un hôtel du 10ème, au 3 rue Arthur Groussier, près de l’hôpital St Louis, appelé la Planque qui va ouvrir bientôt à la place de celui qui n’abritait encore il y a quelques mois que des personnes et familles fragilisées logées par le Samu Social… et qu’on voit se métamorphoser jour après jour en un lieu destiné à loger un tout autre public. Métamorphose ayant impliqué l’expulsion au printemps de plusieurs familles en lointaine banlieue, dont les enfants sont encore scolarisés ici, dans des situations souvent difficiles (par exemple le cas de cette famille, mère isolée de trois enfants, dont un enfant autiste, qui attend, assise dehors tous les jours à côté de l’hôtel que tous les enfants soient sortis des écoles et collèges du quartier).
Un juteux immeuble, possédé par la société de l’hôtel du Globe qui possède un autre hôtel social pas loin, qui s’est associé à une agence d’architecture intérieur pour refaire intégralement l’hôtel, agence Desjeux Delaye qui déclare sur son site internet s’inspirer de « l
’héritage des lieux pour façonner une atmosphère avec une même idée : créer un décor unique et fuir la facilité, ne pas se limiter … Revendiquer un infini détail, un objet monumental, la mesure et la démesure »… une démarche sur laquelle on peut s’interroger quand on sait quelle est l’histoire des lieux.

Ce message n’a pas pour objet de condamner tout type de projet architectural de ce type, ni cette agence en particulier…mais il serait bien à l’avenir que ce genre d’opération, consistant à refaire un hôtel ultra trendy ne se fasse plus grâce à l’argent dépensé pendant des dizaines d’années par le 115/ Samu social (c’est-à-dire nous), et qu’on ait la décence de ne pas dégager des familles déjà fragilisées pour réaliser un tel projet, et de présenter ce projet architectural en montrant des photos des chambres vidées de leurs occupants (cf sur le site internet de l’agence : http://www.desjeuxdelaye.com/projets/).

Une nouvelle année

Au mois de mai, le blog Stopmonop a fêté son troisième anniversaire. La question des locaux d’activité au rez-de-chaussée de l’immeuble Paris Habitat à l’angle Bichat-Temple qui était à l’origine de notre collectif a été résolue en cette fin d’année 2017 avec l’attribution à Kelbongoo, porteur du projet de halle alimentaire dans le 10e, d’une subvention de 124.000 € (moins que les 200.000 votés au budget participatif 2016, mais au moins ça), et l’attribution du dernier local vide (du fait du désistement de « By Sou… ») au projet d’Emmaüs Alternatives (voir en page Appel à projets), en même temps que notre implication dans la mobilisation autour des travaux de prolongement de la ligne 11 a été couronnée au moins d’une victoire partielle avec la promesse de la RATP de mettre prochainement en chantier la mécanisation de la station Goncourt demandée par les habitants du quartier (http://conseilsdequartiersparis10.org/faubourg-du-temple-hopital-saint-louis/commissions/cadre-de-vie/un-escalier-mecanique-pour-la-station-goncourt-550).
Serait-ce le moment de mettre la clef sous la porte ?
Pourtant, une chose (une lutte) mène à une autre. La Mairie du 10e annonce pour janvier une nouvelle réunion de la Commission extra-municipale sur le Commerce et l’Artisanat, créé en réponse à notre intervention, au Conseil d’Arrondissement du 15 juin 2015, pour demander une généralisation de la procédure de concertation mise en œuvre à Bichat-Temple.

Il y aura plus d’une question à y poser :

– comment faire jouer au nouveau GIE des bailleurs sociaux et à la Semaest un rôle régulateur des loyers commerciaux (contre les bulles spéculatives comme celle qui sévit rue du Fbg du Temple notamment entre le canal et l’avenue Parmentier) ?
– comment tirer parti de l’inclusion de la rue du Fbg du Temple dans l’opération Vital’Quartier 2 de la Semaest ? (aucune acquisition réalisée un an après l’extension, vu la bulle spéculative susdite – ne pourrait-on envisager de mettre en place un périmètre d’expérimentation de la préemption de baux et de fonds de commerce par la Semaest dans l’intérêt des habitants ?)
– au moins une partie des revenus générés par les panneaux publicitaires installés sur les palissades de chantier de la RATP – engins énergivores qui polluent notre cadre de vie– ne pourrait-elle être versée à un fonds d’indemnisation des commerces impactés par les travaux ? (sans cela nous risquons de perdre des cafés de quartier et autres commerces fréquentés par tous, dont la mort laisserait d’abord des vacances que l’inflation des loyers ferait servir au bout du compte à la gentrification, illustrée, entre autres, par le parcours de Laser Game qui s’est installé au 160 rue Saint-Maur, à la place du DIA)
– ne pourrait-on lancer une réflexion, impliquant les habitants, sur la transformation des commerces alimentaires ? le monopole de la grande distribution (l’APUR même classe désormais les supérettes comme « commerces de proximité ») est contraire au plan climat et ne contribue ni à l’attractivité ni à la convivialité de nos rues.

 

Il y aura aussi, comme plate-forme où nous faire entendre, la poursuite de la « consultation climat » qui a accouché, le 18 décembre, d’une « feuille de route » fourre-tout – catalogue de bonnes intentions en contradiction avec la pratique de ceux qui nous gouvernent :
– prônant la végétalisation tous azimuts tout en abattant des arbres sans nécessité rue du Faubourg du Temple (4 pour faciliter la circulation des engins de chantier RATP), place du Buisson Saint-Louis (2), place de la République (11 parce que les aménageurs de la place, par bêtise, n’ont pas pris en compte la nécessité des grosses racines pour la stabilité de platanes centenaires), etc.
– prônant les économies d’énergie tous en nous envahissant de publicités énergivores
– préconisant les circulations douces sans broncher lorsque nos voisins du 11e et du 20e renvoient chez nous le traffic automobile dont ils se vantent de délivrer les riverains du boulevard de Belleville, etc.
Il y aura, à soutenir, les luttes proches parentes de la nôtre :
– celle de l’association Carton Rouge contre l’installation d’un supermarché Carrefour de 1950 m2 au 94 avenue Gambetta (ex-Rectorat de l’Académie de Paris) ; voir https://nonaucarrefouraurectorat.wordpress.com  ; ou, petite vidéo de la dernière action : http://telebocal.org/actu/carton-rouge-pour-icade/
– celle des opposants au centre commercial Auchan d’EuropaCity ; toutes les infos ici : http://nonaeuropacity.com
– et, bien sûr, celle des opposants aux JO 2024 qui promettent d’accélérer tout ce qui ne va pas : invasion publicitaire, inflation des loyers commerciaux (et autres), uniformisation du tissu commercial au profit de la grande distribution, etc. ; pour plus d’infos : http://nonjo2024aparis.neowordpress.fr
Nous avons donc du pain sur la planche, mais ce blog risque de s’endormir pendant les six premiers mois de 2018 (ce serait dommage) s’il ne se trouve pas des bonnes volontés pour reprendre le flambeau (en effet, mes obligations professionnelles me tiendront éloignée de Paris jusqu’à l’été). Si cela vous tente – c’est mon vœu pour nous tous pour la nouvelle année – contactez-moi à stopmonopp@gmail.com.