Après les réponses des candidats dans le 10e aux deux associations qui défendent le quartier Sainte-Marthe, une nouvelle salve d’interrogations liées aux municipales. Celles-ci ont été rédigées par trois membres de l’équipe d’animation du Conseil de quartier Hôpital Saint-Louis / Faubourg du Temple qui, faute des forces vives nécessaires pour organiser une réunion publique permettant aux habitants de dialoguer directement avec les têtes de liste, s’est rabattu sur l’écrit. L’idée était de communiquer les réponses sur la liste de diffusion du CQ. À la dernière minute, alors que six candidats (dont la maire sortante) avaient déjà répondu, la directrice adjointe des Services de la Mairie y a mis le holà, affirmant que cela représenterait « une violation du principe d’équité et d’égalité de traitement » et « une utilisation des moyens municipaux au profit de candidats ». À voir la manière dont certains s’écartent des questions posées pour caser coûte que coûte les points de leur programme qu’ils jugent apparemment les plus vendeurs, on peut comprendre les Services.
N’empêche. Ce serait dommage que la copie des candidats n’atteigne pas du tout les électeurs.
Dans ce qui suit, nous faisons suivre les trois questions de l’équipe d’animation du CQ des parties pertinentes (peu ou prou) des réponses reçues des candidats en tête des listes « Paris en commun » (PS – PCF – Génération.s), « Parisiennes, Parisiens » (divers), « L’écologie pour Paris » (EELV), « Décidons Paris » (LFI), « Ensemble pour Paris » (LREM) et « Engagés pour changer Paris » (LR) (+ « Le Nouveau Paris » [LREM diss.], arrivée après la publication) dans le 10e, selon l’ordre de réception. Au lecteur de s’y retrouver :
1° La question des bagarres entre jeunes, qui ont fait encore en janvier un mort rue de la Grange-aux-Belles : un adolescent de 14 ans tué par un autre adolescent de 14 ans, après le jeune homme de 23 ans poignardé en juillet 2018 à l’angle Tesson-Saint-Maur et le mort par balles rue Saint-Maur en juillet 2019. Il semble s’agir de cas de violence pas toujours liés à la drogue ou aux rivalités de gangs.
Comment comprenez-vous ce phénomène ? Quelles mesures concrètes préconisez-vous pour l’enrayer ?
Alexandra Cordebard, liste « Paris en commun »
Vous évoquez tout d’abord les drames qui ont frappé, ces deux dernières années, les quartiers du Buisson-Saint-Louis et de la Grange-aux-Belles. Je veux ici vous redire ma colère, mais surtout ma tristesse face à ces situations intolérables. Nous, habitants, parents, commerçants, associatifs, élus, ne pouvons accepter une telle violence et ses conséquences. Nous ne pouvons nous résoudre à ce qu’un enfant de 14 ans soit tué par un enfant de 14 ans. Pas plus que nous ne pouvons accepter qu’un jeune homme soit abattu dans le cadre d’un règlement de comptes entre quartiers, ou qu’un autre décède par arme à feu pour un différend mineur. Chacune de ces morts reste pourtant un traumatisme: pour le quartier, pour notre arrondissement, pour tout Paris. Chacune de ces morts nous fragilise, et fragilise le travail et l’engagement pourtant exceptionnel des professionnels – enseignants, travailleurs sociaux, éducateurs spécialisés – qui accompagnent ces jeunes au quotidien.
En ce qui concerne le décès du jeune Wally, je veux vous dire que l’ensemble des professionnels est mobilisé dans le quartier. La police a rapidement interpellé le principal agresseur et poursuit ses investigations pour faire toute la lumière sur ces événements. Les clubs de prévention spécialisée sont également à pied d’œuvre, et ont renforcé leurs actions envers les jeunes des quartiers de la Grange-aux-Belles et de Belleville, traumatisés par cet événement.
Je veux cependant saluer devant vous rengagement des associations d’habitants de nos quartiers, qui s’organisent et contribuent par leurs actions au maintien et au renforcement du lien social entre tous, y compris lors d’événements douloureux. Je continuerai pour ma part à défendre, comme je l’ai fait depuis deux ans, le droit de chacun à vivre dans un quartier plus sûr, disposant d’équipements publics de qualité, en particulier pour les nombreuses familles qui y vivent.
Pour y parvenir, et notamment lutter plus efficacement encore contre les trafics, nous avons besoin de davantage de présence et d’interventions policières. Le travail de la police se concentre aujourd’hui en effet prioritairement sur le démantèlement de grands réseaux et néglige trop souvent le quotidien des habitants et la lutte contre les « petits » trafics, qui génèrent pourtant de l’insécurité au quotidien.
Au-delà des demandes que je continuerai de porter auprès de la Préfecture pour un renforcement du nombre de fonctionnaires de police dans l’arrondissement, l’une des tâches de la future police municipale qu’Anne Hidalgo souhaite mettre en place sera de traiter du quotidien des habitants, en intervenant régulièrement pour apaiser nos rues, nos immeubles, nos squares, et faire baisser les incivilités qui nuisent à la qualité de vie des habitants et qui donnent une image parfois dégradée de nos quartiers. Je souhaite également que les bailleurs sociaux prennent leur part dans cette action. Un meilleur cadre de vie, mieux entretenu, plus surveillé, impliquant les habitants, contribuera à l’apaisement général du quartier.
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Pierre-Yves Zentar, liste « Parisiennes, Parisiens »
Sur l’ensemble des aspects sécurité et incivilités, nous proposons d’agir sur l’aspect pédagogique mais également d’un point de vue plus sécuritaire.
Sur le plan pédagogique, certaines actions peuvent être mises en œuvre par la mairie mais elles sont limitées. La priorité est donc avant tout de faire connaître ces problèmes pour s’assurer que l’éducation nationale les prenne en charge. Il peut également y avoir des actions du tissu associatif pour sensibiliser sur ces questions, mais de notre point de vue cela ne sera pas suffisant.
Sur le plan sécuritaire, nous préconisons la mise en place d’une police municipale de proximité. L’idée est de reprendre le rôle de « gendarme du village ». Depuis les attentats de 2015 et les nombreux mouvements sociaux, la police nationale ne peut plus remplir cette mission. Il nous semble important d’avoir une présence policière discrète, proche des commerçants et des habitants. Nous préconisons de créer une académie de police parisienne en 1 an pour compléter la formation initiale de cette police municipale. L’objectif de cette formation serait de former ces policiers aux spécificités du tissu parisien. Les bagarres entre jeunes, comme la prostitution ou la toxicomanie, font partie des éléments qui seraient traités dans cette formation. Cette police municipale doit, à la fois, rassurer, créer du lien et être en capacité d’agir si nécessaire.
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Sylvain Raifaud, liste « L’écologie pour Paris 10e »
Concernant les rixes entre jeunes qui ont encore récemment fait un mort, nous partageons la douleur de la famille et des proches.
À chaque drame, les familles et tout le quartier font preuve d’un courage immense, d’une force collective : on se rassemble, on se parle, on refuse la violence de la vengeance.
Nous voulons également que l’incompréhension et la tristesse face à des rixes aussi violentes entre enfants laisse place à l’action. Il est insupportable de lire dans la presse que la collectivité serait « impuissante ». Effectivement, les drames de ces dernières années ne semblent pas liés au mêmes causes et conflits. Ce qui les lie cependant, c’est que, collectivement, nous n’avons pas réussi à assurer la sécurité et l’épanouissement de certains adolescents et que les dispositifs de prévention manquent.
Pour faire face, les premiers qui s’organisent pour faire changer les choses sont les jeunes adultes et les parents. Les fêtes de quartier fleurissent, l’espace public revit, la solidarité s’exprime et les tensions se calment. Ce travail collectif commence à fonctionner. Si la Mairie ne doit pas se substituer à ces initiatives, elle doit cependant encourager leur émergence et les aider à la hauteur de l’enjeu, car elles sont encore trop peu soutenues.
Nous souhaitons revoir les objectifs et moyens d’action de l’équipe de développement local, en prise immédiate avec ces quartiers et les financements dédiés. La définition des priorités et des objectifs doit se faire également avec les habitants , car ce sont eux qui connaissent le mieux la situation et doivent avoir leur mot à dire pour trouver des solutions. Nous souhaitons qu’ils et elles soient régulièrement associés à la réalisation des projets. Il n’est plus possible, par exemple, que le projet gagnant du budget participatif « La Grange-aux-Belles s’anime », doté de plus de 100.000 €, soit dépensé sans qu’aucune publicité ni concertation des habitants ne soit réalisée.
Depuis quelques années, les aides pour ces quartiers se sont réduites, du fait de leur déclassement de quartier « politique de la ville » en « veille active » pour deux d’entre eux. Les effectifs de la prévention de rue ont chuté partout.
Mais la Ville a la responsabilité de la fermeture du Lieu d’Accueil Innovant de la Grange-aux-Belles, espace qui a fait la preuve de son utilité et qui est demandé par les jeunes eux-mêmes.
Les dispositifs à destination des adolescents manquent. Nous créerons un programme d’activités pour eux, pas uniquement pour les occuper et permettre la surveillance d’adultes, mais aussi pour leur permettre de s’émanciper. Changer d’air, cela passe par exemple par des occasions de vivre sa passion musicale (nous portons un « plan musique » pour la pratique amateur), des conseils pour monter un projet, une aide pour voyager, ou encore des conseils pour trouver un métier qui a un sens pour soi (notamment au travers d’un forum renouvelé de l’emploi). Pour aider les parents en difficulté, nous souhaitons créer un service pour accompagner à pied les mineurs qui doivent se rendre à leurs activités extra-scolaires ou à des rendez-vous médicaux. Nous ouvrirons également des aides financières pour le baby-sitting et élargirons les horaires des crèches et des gardes d’enfants. Nous souhaitons enfin entamer un travail d’aide à la parentalité dédiée aux pères.
Dans le quartier de la Grange-aux-Belles, il semble évident qu’un centre social devra être ouvert. Comme les autres, il faudra le doter d’une permanence « mairie mobile », un service d’accès aux droits afin de permettre un accompagnement plus personnalisé.
Nous voulons aussi créer de nouveaux lieux : des salons de quartier et salles polyvalentes ouvertes à l’ensemble des habitants pour prendre le thé en discutant, s’organiser des moments entre femmes, faire les fêtes de famille, jouer avec les personnes âgées, accueillir les spectacles des talents du quartier, etc.
Beaucoup de personnes impliquées au quotidien dans les quartiers populaires de l’arrondissement exercent un rôle correspondant à des missions d’« adulte-relais ». Nous souhaitons utiliser ce statut et employer plusieurs personnes déjà actives localement pour réaliser ces missions dans de bonnes conditions.
Pour les avoir souvent initiées et facilitées, nous croyons beaucoup dans le pouvoir des fêtes de quartier à créer du vivre-ensemble qui a un impact sur le quotidien. Aussi, nous faciliterons la tenue de fêtes et repas dans tout le 10egrâce à des zones sécurisées et équipées.
La sécurité passe aussi par une présence régulière et renforcée de la police, qui doit créer un système d’alerte ultra-réactif en cas de bagarre entre bandes. Il faudra aussi créer des espaces d’écoute pour qu’un jeune, se sentant en danger, puisse trouver de l’aide sans risquer de représailles.
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Hugo Roëls, liste « Décidons Paris »
Les jeunes sont les premiers acteurs et les premières victimes de ces violences. Il convient de ne pas chercher nécessairement une détermination purement économique ou criminelle à cette violence, où la dimension d’affirmation de soi est très importante.
Nous pensons que la prévention spécialisée a les outils pour offrir aux jeunes un horizon de construction identitaire en dehors de toute violence. Seulement, nous regrettons la dynamique, initiée par la majorité sortante, de concentration des clubs de préventions spécialisées. Les structures ne correspondant plus aux spécificités de chaque quartier.
L’éducation déborde du cadre scolaire et concerne aussi d’autres pans de l’action collective. Nous développerons et diversifierons à ce titre l’offre extra-scolaire proposée par la Mairie de Paris. Cela passera par le renforcement des moyens des centres d’animation de la ville de Paris, notamment pour développer des activités ponctuelles en nocturnes, ainsi que par le soutien aux centres sociaux. Des espaces pour les jeunes doivent exister dans l’ensemble des quartiers pour permettre à tou·te·s de se rassembler. Certains quartiers en sont dépourvus, ne laissant que la rue comme espace libre d’accès. Nous pourrons par exemple aider les centres sociaux à développer des projets à destination des « grands ados ». Nous garantirons les moyens de la prévention spécialisée et de l’éducation de rue pour accompagner les jeunes le nécessitant. Enfin, via le conseil de la jeunesse, nous inviterons les jeunes à s’auto-organiser pour proposer des projets et interpeller les élu·e·s sur leurs besoins.
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Karim Amellal, liste « Ensemble pour Paris »
En premier lieu, je tiens à vous dire que les affrontements répétés qui se déroulent dans nos rues, en bas de nos foyers, pratiquement sous nos yeux, me révoltent. Je tiens d’abord à manifester mon soutien aux familles endeuillées et dans une plus large mesure aux familles de ce quartier qui sont marquées par ces drames. Les habitants de ce quartier m’ont régulièrement interpellé, depuis plusieurs mois que je mène cette campagne, sur ce sujet tragique. Ils m’ont fait part de leur inquiétude et de leur désarroi, mais aussi, pour certains, de leur dépit face au caractère répété de ces violences, comme s’il y avait une fatalité, comme si nous ne pouvions rien faire.
Je vous le dis franchement : il n’y a pas de fatalité de la violence. J’ai grandi dans un quartier populaire. Je connais parfaitement leurs difficultés, leurs tourments, mais aussi leur âme et leur identité. Les habitants des quartiers populaires, à Paris comme ailleurs, ont les mêmes droits que les autres à la sécurité, à la propreté, à un cadre de vie décent, à un environnement apaisé, à une éducation de qualité.
La sécurité ne doit pas être l’apanage des quartiers riches, mais de tous les quartiers de Paris. Avec Agnès Buzyn, nous créerons une police municipale formée, armée et équipée de caméras piétons pour mieux assurer la sécurité des parisiens. Elle sera présente jour et nuit dans nos quartiers et elle sera joignable par téléphone. Elle rendra aussi des comptes aux habitants. La police municipale que nous défendons, qui a déjà fait l’objet d’une proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale par les députés LREM de Paris, est un élément structurant de notre projet, mais pour que cela fonctionne bien, il faut aussi revoir l’organisation administrative de la ville et de nos arrondissements. En particulier, il faut donner, dans ce domaine comme dans celui de la propreté, davantage de pouvoir aux maires d’arrondissement, les plus habilités à agir au plus près du terrain, en fonction des problèmes qu’ils constatent et que leur font remonter les habitants. Cela passe aussi par une restructuration de l’arrondissement en dix micro-quartiers et l’assignation dans chacun d’eux d’élus référents, qui seront plus présents, plus disponibles pour les habitants, plus joignables pour intervenir sur les problèmes du quotidien.
Les rivalités entre jeunes, qui donnent parfois lieu à ces rixes terribles, sont également une illustration d’un manque de cohésion entre les Parisiens. La densité et la ségrégation sociale sont puissantes dans notre ville et, Maire du 10ème, j’aurai à cœur d’y remédier en renforçant le lien social, en travaillant avec les nombreuses associations et en revivifiant les solidarités de quartiers, en mobilisant davantage les leviers de médiation qui existent. Au cœur de l’arrondissement, ces associations jouent un rôle considérable que je veux saluer, mais aussi développer.
Maire du 10ème, je créerai un Conseil des associations pour développer la coordination entre leurs actions et favoriser l’émergence de projets communs et de partenariats. Je veillerai aussi à soutenir, y compris financièrement, celles qui jouent un rôle particulièrement essentiel dans la promotion du vivre-ensemble, la consolidation du lien social et la diffusion des valeurs de la République.
Les projets d’aménagement que je veux porter dans notre quartier, en concertation avec les habitants, s’inscrivent dans cette perspective. Je souhaite en particulier revoir l’aménagement de la place du Colonel Fabien en reliant l’îlot central à la rue Albert Camus afin d’ouvrir la Grange-aux-Belles sur l’arrondissement. Je souhaite aussi pouvoir accompagner le projet initié sur la place du Buisson Saint-Louis en lien avec le centre social. Deux rues jardins seront également crées et les cours d’écoles seront ouvertes en soirée et le week-end.
Dans un second temps, il me paraît nécessaire de développer les animations et la vie de notre quartier. Un marché alimentaire pourrait ainsi être installé sur le site réaménagé du Colonel Fabien, et les terrains de pétanque valorisés. Je souhaite également proposer de nouvelles activités pour les enfants, les soirs, les week-ends et pendant les vacances scolaires : quels que soient leur quartier et leur origine sociale, j’ai la conviction que c’est souvent par eux que tout commence.
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Bertil Fort, liste « Engagés pour changer Paris »
Les évènements tragiques qui ponctuent la vie du quartier, dont le dernier en date remonte à la fin janvier rue de la Grange-aux-Belles, viennent nous rappeler à quel point il est urgent de s’attaquer aux problèmes. Non ! Ce n’est pas parce que des quartiers comme celui de la Grange-aux-Belles sont populaires que nous pouvons tolérer l’insécurité pour les habitants, les bagarres entre jeunes, la saleté dans nos rues, les logements sociaux non entretenus ou encore la monoactivité commerciale !
Avec Rachida Dati, nous mettrons un terme à cette politique du déni qui sévit depuis plusieurs années et empêche la Ville de Paris de s’attaquer de façon frontale aux problèmes qui minent le quartier.
Pour nous, populaire rime avec diversité, services publics de qualité, égalité des chances, méritocratie ! Je souhaite donc redire avec force aux habitants que nous ne nous résoudrons jamais à laisser des quartiers se détériorer au prétexte qu’ils sont « populaires » et que la seule façon de sortir des problèmes serait la « gentrification » qui contribue parfois à dénaturer l’identité de nos quartiers.
Pour lutter contre les trafics, la prostitution et les bagarres entre jeunes de façon efficace, nous commencerons par réorganiser la sécurité à Paris, qui est défaillante. Nous comptons donc :
– Créer une véritable Police Municipale formée et armée de 3 400 agents qui sera gérée avec les Mairies d’arrondissement. Dans le 10e, avec 250 agents, elle sera chargée de lutter contre la délinquence du quotidien qui a explosé ces dernières années, les trafics, la vente à la sauvette et la prostitution. Sa présence sur le terrain sera également déterminante pour nous réapproprier l’espace public dont nous nous sentons dépossédés
– Mobiliser des effectifs de sécurité privée pour des besoins ponctuels et la surveillance de bâtiments sensibles
– Renforcer la Police Nationale qui sera recentrée sur ses missions d’interpellation, d’investigation et de démantèlement des réseaux et des trafics
– Créer le poste de « Maire adjoint de la Nuit » dans le 10ème qui permettra d’assurer un contrôle continu de l’espace public : il fera notamment respecter les lois en matière de sécurité, de propreté et de tapage nocturne- Étendre la législation et les sanctions visant à réprimer l’organisation de la prostitution et du proxénétisme en vigueur dans les établissements hôteliers et aux locations meublés de courte durée
La combinaison d’une présence policière permanente de terrain ainsi que l’augmentation du nombre de caméras de vidéo-protection sur la voie publique dans les zones sensibles permettra de faire respecter la loi, de contrôler les débordements et de réagir plus rapidement en cas de problème. Vivre dans un quartier plus sûr, c’est pour chacun d’entre vous un quotidien plus serein et une vie de quartier apaisée.
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Pierre Henry, liste « Le Nouveau Paris »
Nous avons constaté comme tous les Parisiens l’augmentation de l’insécurité. Elle se traduit tout autant par une augmentation des incivilités que des criminalités organisées. Pour ces dernières, une action efficace passe nécessairement par une coordination avec la préfecture de police, compétente en la matière.
Cette coordination s’exprime en particulier dans le contrat de prévention et de sécurité d’arrondissement, qui détaille priorités et plans d’actions portées par la mairie. La mairie du Xème a signé un contrat en 2016, pour la période 2016-2020. Nous avons été surpris de constater l’abandon de certaines actions qui figuraient dans le contrat précédent.
Il existait ainsi une action « lutte contre le phénomène de bandes », qui n’apparaît plus dans le contrat signé en 2016. De même, il existait une action « impulser une action intercommunale en matière de lutte contre le crack », qui n’est pas reprise.
La première de nos actions sera, dans le cadre du nouveau contrat de prévention et de sécurité, de faire inscrire comme priorité la lutte contre les criminalités organisées. Cela permettra de mobiliser l’ensemble des acteurs sur ce sujet grave, et de rétablir des actions collectives contre les phénomènes de bande et les différents trafics.
Au-delà [de] cette coopération contractualisée, nous travaillerons dans les quartiers touchés par ces difficultés à la poursuite des actions de prévention, qui seront complétées par des mesures d’accompagnement renforcées. Il existe en effet des moyens et des dispositifs destinés à accompagner les familles dans la parentalité et les jeunes en situation de décrochage.
Par ailleurs, notre police municipale, du fait de sa présence dans les quartiers, contribuera à changer les occupations de l’espace public ; C. Villani s’est prononcé en faveur d’une police municipale de proximité, forte de 4500 agents. Elle sera en capacité de sanctionner les incivilités du quotidien, mais également, par sa présence, de faciliter la réappropriation des espaces publics par tous les citoyens. De plus, la connaissance des quartiers et des habitants par cette police lui permettra de contribuer à la mise en place d’actions efficaces.
Enfin, nous nous sommes engagés avec C. Villani à faire découvrir aux jeunes les sciences et les arts, en permettant l’accès à des activités musicales gratuites ou en travaillant, avec des associations, à les familiariser au monde des sciences. Nous pensons que renforcer les propositions d’activités valorisantes et accessibles est à même de contribuer à la lutte contre les phénomènes de bande, en offrant des cadres alternatifs où les jeunes pourront s’exprimer et être reconnus.
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2° la prostitution qui sévit toujours boulevard de la Villette, malgré les lois toujours nouvelles votées au niveau national.
Que nous conseillez-vous de répondre aux habitants qui nous interpellent sur ce sujet ? Que comptez-vous faire pour aborder ce problème maintenant bien installé ?
Alexandra Cordebard, liste « Paris en commun »
Vous abordez ensuite la question de la prostitution qui sévit boulevard de la Villette et dans le secteur de Belleville. Je veux être très claire sur ce point : la traite d’êtres humains est intolérable, quelles que soient les modalités de son exercice. C’est donc aux filières et aux proxénètes qu’il faut s’attaquer. Il s’agit d’un enjeu de sécurité publique qui doit être considéré comme tel par la Préfecture de Police.
Sur ce sujet, la nouvelle police municipale sera également mise à contribution. Les équipes qui circuleront dans les rues du 10eseront formées et systématiquement composées de femmes pour être mieux à même de recueillir la parole des femmes, en particulier en cas de harcèlement de rue ou pour les victimes de violences.
Comme Maire, je poursuivrai également toutes les actions engagées en direction des femmes qui se trouvent en situation de prostitution dans le quartier. Prévention, mises à l’abri, accompagnement social. sont des nécessités absolues. Nous parlons de femmes vulnérables et précarisées, pour qui l’accompagnement est indispensable. Anne Hidalgo a d’ailleurs fait plusieurs annonces pour lutter plus efficacement contre les violences faites aux femmes : création de sept nouveaux centres de santé sans dépassement d’honoraire – dont un situé dans le quartier Belleville –, création d’un lieu unique de prise en charge des femmes victimes de violences, mais aussi doublement du budget annuel consacré à l’égalité entre les sexes et à la lutte contre les discriminations.
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Pierre-Yves Zentar, liste « Parisiennes, Parisiens »
voir première question
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Sylvain Raifaud, liste « L’écologie pour Paris 10e »
Concernant la prostitution sur le Boulevard de Belleville, il s’agit surtout d’avoir une approche humaine, tournée vers la sécurité et la dignité des personnes, la répression déplaçant le problème ou précarisant encore plus les personnes prostituées. Les tergiversations législatives sont aussi responsables de cette situation. La pénalisation des clients, si elle visait à ne plus faire porter aux personnes en situation de prostitution la faute de ces situations qui s’apparentent dans certains cas à de la traite d’être humains, est cependant porteuse de risques pour ces femmes. La mesure semble efficace en ce que les clients sont plus rares, mais les revenus baissent d’autant. Pour ces personnes prostituées, qui n’ont pas toujours le choix d’une autre activité, c’est une contrainte qui les oblige à accepter des demandes plus risquées ; exposées à plus de violences, elles subissent également plus de pressions relatives au port du préservatif.
Face à ces situations difficiles pour les personnes et pour les habitant.e.s, les écologistes portent des mesures visant à assurer la santé et l’accès aux droits des personnes par le renforcement de notre soutien aux associations spécialisées et la diligence des procédures administratives accordant les aides légales, notamment en soutenant les permis de séjour dans le cadre des « parcours de sortie ».
Nous pensons également que ce sujet doit être davantage porté par la Mairie, en lien avec l’État. Comme pour les usagers de drogue, nous voulons renforcer la politique de prévention par une présence humaine et des accompagnements adaptés aux publics concernés. Sur le même modèle, la présence renforcée de la police ne doit pas être un prétexte à contrôler les personnes pour lesquelles la ville déploie par ailleurs des dispositifs de prévention des risques et d’accès aux droits sur le même secteur, mais pour protéger les personnes et contribuer au démantèlement des réseaux de trafic d’êtres humains.
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Hugo Roëls, liste « Décidons Paris »
En tout état de cause, la pénalisation du client produit les effets inverses à ce qui était souhaité. En outre, nous ne pensons pas que dissimuler une situation constitue une réponse adaptée.
Notre majorité se battra pour la suppression de toutes formes de répression à l’encontre des personnes prostituées, l’attribution de papiers à toutes les victimes de la traite et le développement de véritables moyens financiers pour aider les femmes prostituées, avec des budgets suffisants, notamment pour financer les parcours de sortie du système prostitutionnel.
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Karim Amellal, liste « Ensemble pour Paris »
La prostitution est un autre sujet important sur lequel vous m’interpellez. Celle-ci est visible et se développe dans notre arrondissement. Le secteur de la porte Saint-Denis et le quartier de Belleville sont en particulier concernés. J’ai eu l’occasion d’aborder ce sujet lorsque j’ai rencontré des représentants de la communauté asiatique à Belleville. Si l’existence de réseaux organisés est discutée par certains, la réalité du phénomène ne l’est pas. Sans doute la police municipale que nous créerons, qui sera d’abord une police de proximité, d’ilotage, aura-t-elle un rôle à jouer dans la lutte contre ce phénomène, au même titre que la police nationale en matière de lutte contre les réseaux de proxénétisme. Je voudrais pour ma part insister sur l’importance de la concertation et de la coordination entre toutes les parties prenantes, y compris en bonne intelligence avec l’arrondissement voisin, mais aussi sur la pleine association des réseaux communautaires qui, dans ce domaine aussi, doivent être mobilisées.
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Bertil Fort, liste « Engagés pour changer Paris »
voir première question
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Pierre Henry, liste « Le Nouveau Paris »
La prostitution est un phénomène complexe. Elle est le plus souvent liée à d’autres activités criminelles – blanchiment d’argent, réseaux divers…. – il nous semble donc prioritaire de bien comprendre le type de prostitution pratiqué autour de la Villette et ses imbrications criminelles car la mise en place d’actions efficaces ne pourra pas se faire sans ce diagnostic .
Comme précédemment, la collaboration avec la préfecture de police s’avérera donc indispensable à une action efficace et pour cette raison nous intégrerons explicitement ce point au contrat de prévention et de sécurité de l’arrondissement.
En même temps que des actions destinées à démanteler les réseaux qui organisent la prostitution, il nous paraît également indispensable de mettre en place un accompagnement pour permettre à des personnes victimes de ces réseaux de sortir de la prostitution.
Nous soutiendrons dans ce cadre les associations qui œuvrent auprès des prostitué.e.s
Enfin, là aussi, nous sommes convaincus que la présence dans les rues d’une police municipale permettra d’apaiser l’espace public.
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3° La spéculation immobilière, présente partout, mais qui montre un visage particulièrement menaçant au quartier Sainte-Marthe-et-Moinon, exemplaire par sa mixité sociale et la richesse de sa production artistique et artisanale, où, après plusieurs OPAH, le prix du foncier dépasse les 13 000 €/m2 et la prise de contrôle de la Société immobilière de Normandie par la société d’investissement Edmond Coignet s’est déjà traduite par le départ de plusieurs artistes emblématiques de l’âme du quartier.
Que faire ? La municipalité a-t-elle les moyens d’une action efficace ? Là encore, votre avis et vos propositions concrètes nous intéressent.
Alexandra Cordebard, liste « Paris en commun »
Enfin, vous revenez sur les menaces qui pèsent sur le quartier Sainte-Marthe. Vous connaissez mon soutien aux deux associations qui combattent pour la préservation du quartier, de sa mixité sociale, de ses artistes, artisans et commerçants, et pour la défense particulière des locataires de la Société Immobilière de Normandie (SIN). Ces combats sont ceux contre la spéculation immobilière, pour la préservation d’une identité de quartier, et ils rejoignent pleinement, non seulement les préoccupations de l’équipe municipale actuelle, mais aussi les engagements des colistiers qui m’accompagnent en vue de la prochaine mandature.
D’ores et déjà, notre action s’est concentrée sur la protection des locataires menacés d’expulsion ou de non-renouvellement de leur bail. J’ai ainsi obtenu la suspension de procédures en cours contre certains locataires. Anne Hidalgo a également interpellé directement le propriétaire de la SIN pour lui dire qu’elle se tiendrait aux côtés des habitants, des artistes et artisans du quartier si ses actions dénaturaient le quartier et bouleversaient son équilibre actuel. Je suis par ailleurs déterminée à empêcher toutes les manœuvres d’éviction spéculative qui pourraient être engagées contre les locataires de la SIN. Je souhaite ainsi que la Ville de Paris fasse prévaloir, quand cela sera nécessaire, son droit de préemption et que le quartier puisse intégrer le nouveau dispositif de préemption des baux commerciaux qui doit prochainement être mis en œuvre dans certains quartiers de Paris.
Sachez également que je soutiens entièrement le projet des artistes et artisans du quartier, qui consiste à rejoindre le futur pôle artisanal de Belleville, qui comprendra à terme, sur son site du 20e arrondissement, 1800 m2 d’ateliers réservés aux artisans, financés par la Ville de Paris. L’intégration des artisans du quartier Sainte-Marthe dans ce nouvel écosystème leur · permettra de mieux faire connaître leurs activités et savoir-faire, de bénéficier par exemple du Label « Fabriqué à Paris » et leur offrira de nouveaux débouchés indispensables à la pérennisation de leurs activités.
C’est d’ailleurs dans cette optique que j’ai souhaité mettre en valeur les œuvres des artistes et artisans du quartier en accueillant, à la mairie, une exposition qui s’est achevée il ya quelques jours. Je le leur ai dit et je vous le répète : je souhaite qu’ils puissent réinvestir les lieux régulièrement, afin qu’ils puissent mieux faire connaître leurs talents.
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Pierre-Yves Zentar, liste « Parisiennes, Parisiens »
Il s’agit pour moi d’un sujet prioritaire. Ma conviction est que la richesse de notre ville est liée à sa diversité, la diversité des milieux sociaux, des activités professionnelles etc.
Les activités artistiques notamment sont un élément essentiel d’éducation et de plaisir. Notre ville manque parfois des deux.
Pour préserver ce quartier comme d’autres, mes propositions sont les suivantes :
– À très court terme : convoquer la société Edmond Coignet devant un panel constitué des différentes listes candidates aux élections municipales et des associations. Obtenir des clarifications concernant le projet de cet investisseur → spéculation, rendement locatif ?
– Mettre en place suite à cette entretien un comité d’évaluation mensuel, pour analyser l’évolution de la situation. Ce comité devrait inclure les associations et des personnalités pouvant apporter leurs compétences. Il doit également s’assurer d’être en lien avec les médias.
– À moyen terme : s’assurer que le PLU soit parfaitement en adéquation avec l’objectif de maintien de la diversité dans le quartier. Demander les modifications nécessaires si ce n’est pas le cas.
– Création d’une foncière de la ville de Paris dédiée à investir dans la diversité des quartiers.
– Créer un lieu d’exposition permanent dans le quartier afin de permettre aux artistes et aux artisans de montrer leur savoir-faire. Ce lieu doit être financé par la ville de Paris, mais géré par des acteurs locaux. Il doit également avoir pour vocation de redynamiser le quartier afin d’avoir un impact positif sur les commerces indépendants, les restaurants et les bars du quartier.
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Sylvain Raifaud, liste « L’écologie pour Paris 10e »
Concernant la spéculation immobilière, vous connaissez notre mobilisation pour sauvegarder l’âme du quartier Sainte-Marthe et en faire le premier quartier municipal d’artisanat. En particulier, nous avons dès le mois de décembre fait des propositions allant dans le sens d’une intervention de la puissance publique, qui reste trop souvent spectatrice de la flambée de l’immobilier. Nous souhaitons que la Mairie se positionne pour reprendre la main sur la Société Immobilière de Normandie afin de racheter les baux commerciaux et les logements, pour maintenir les locataires, et ainsi de louer la totalité du parc (une grande partie des locaux sont encore inutilisés). Nous disposons de tous les outils légaux et opérationnels pour organiser ce type d’opération, aussi nous demanderons son inscription au Projet d’Investissement de la Mandature pour agir dans les premiers mois du mandat. Pour marquer un soutien militant modeste, nous avons organisé en tant que candidat-es un Noël sans Amazon en mettant en avant les commerçants et artisans de nos quartiers. Nous souhaitons poursuivre cette opération officiellement, en tant qu’équipe municipale, en lui donnant de l’ampleur.
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Hugo Roëls, liste « Décidons Paris »
Paris est la ville de France où se loger coûte le plus cher. Elle est la proie des spéculateurs immobiliers qui année après année font augmenter le prix des loyers et de l’immobilier en la vendant aux milliardaires de tous les pays. Cela provoque une hémorragie des classes populaires qui la quittent par milliers et empêche les travailleurs de se loger à proximité de leur lieu de travail. La majorité sortante, hormis quelques mesurettes et effets d’annonces, n’a rien fait pour libérer notre ville des serres de la spéculation.
Elle lui a au contraire ouvert grand les portes, par exemple en décidant sans concertation avec les Parisien·ne·s d’accueillir les Jeux olympiques de 2024. Alors que les magnats s’enrichissent, le nombre de personnes sans domicile fixe, en logement insalubre ou hébergées ne cesse de croître dans notre ville. Ainsi, en 2017, ce sont près de 60 000 demandeurs de logement social à Paris qui étaient sans domicile fixe, hébergés chez un tiers ou dans un logement précaire.
Dans le même temps, 110 000 logements sont vides dans la capitale. Si l’on ajoute les 115 000 logements répertoriés comme résidences secondaires c’est comme si tous les logements des 16e et 17e arrondissements étaient inoccupés ! Nous voulons rompre avec cette logique : rendre Paris aux Parisien·ne·s, permettre à chacun·e de se loger dans des logements dignes aux loyers abordables.
Pour cela, nous voulons créer de nouveaux logements et lutter efficacement contre l’augmentation exponentielle du prix des loyers en nous fixant comme objectif, dans le parc social comme le privé, de faire en sorte que les ménages ne consacrent pas plus de 20 % de leur revenus au paiement de leur loyer et charges locatives.
–> Nous renforcerons l’encadrement des locations de meublés touristiques en limitant la possibilité de mise en location de courte durée des résidences principales à 60 jours dans l’année contre 120 actuellement et en mettant en place un moratoire sur les autorisations de changement d’usage des résidences principales en hébergement hôtelier.
–> Nous proposons un permis de louer, comme le prévoit la loi, dans les zones ou bâtiments dans lesquels la probabilité de logement insalubre est forte.
–> Nous organiserons un référendum parisien pour demander à ce que la compétence d’encadrement des loyers revienne à la Mairie de Paris et non au Préfet.
Concernant le quartier Sainte-Marthe, nous n’aurons pas, si nous sommes élus, tous les leviers au sein de la municipalité pour lutter contre la spéculation immobilière et l’augmentation des loyers. Mais nous mettrons toute notre énergie pour construire un rapport de force suffisant. Nous pensons qu’une puissante mobilisation, relayée par des élu.e.s de combat, peut faire plier l’adversaire.
Envisager un plafonnement des loyers des locaux commerciaux est une piste à travailler, mais un plafonnement dans ce domaine est bien plus complexe qu’en matière de location de logement. D’autant que les expérimentations en ce sens sont particulièrement timides et tardives. Le plafonnement du loyer est déjà par ailleurs prévu dans la législation du bail commercial.
Nous serons aux côtés des artistes et artisans pour que leurs droits soient respectés. Nous pourrons aussi travailler ensemble à trouver les leviers utiles au respect des zones protégées « artisanat », étendre ces zones, et investir dans des biens fonciers appartenant à la collectivité et utiles à l’exercice des activités artisanales et artistiques, réserver des RDC d’immeubles sociaux ou dédier même des bâtiments communaux comme le propose notre programme culture.
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Karim Amellal, liste « Ensemble pour Paris »
S’agissant du quartier Sainte-Marthe, je peux vous assurer que je suis très attaché à sa singularité, à son histoire et à son âme. Malgré le soutien public dont ce quartier a bénéficié au cours des dernières années, il est la proie d’opérations de spéculation pour le moins critiquables. Maire du 10ème, je serai très attentif à en préserver le caractère populaire et la vocation artisanale, y compris en mobilisant les outils de la Ville, notamment par l’intermédiaire d’une société d’économie mixte (comme la Semaest), pour qu’elle puisse procéder à de la préemption commerciale.
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Bertil Fort, liste « Engagés pour changer Paris »
S’agissant du quartier Sainte-Marthe et Moinon et [de] la lutte contre la spéculation immobilière, il s’agit d’un combat important parce qu’il donne le ton sur ce que nous souhaitons pour l’avenir du 10ème : voulons-nous un arrondissement « gentrifié » avec des commerces que l’on pourrait retrouver n’importe [où] ou un arrondissement qui aura su se transformer tout en préservant son identité et en protégeant ceux qui y habitent et y travaillent ? Avec Rachida Dati, nous souhaitons la deuxième option.
S’agissant de ce dossier en particulier, nous partageons probablement tous la même vision. Toutefois, avec Rachida Dati, nous ne resterons pas dans la posture. Nous reprendrons le dossier en urgence et nous mettrons en place une nouvelle méthode : plus pragmatique, plus transparente et plus constructive.
Bien que nous ne fermons pas la porte à la préemption ciblée de locaux commerciaux ailleurs dans le 10ème, il nous semble difficile de parvenir à faire de la « préemption renforcée »… C’est un mécanisme complexe avec peu de chances de succès. Pour le quartier Sainte-Marthe et Moinon, il y a urgence ! La priorité est surtout de :
– clarifier la situation avec la SIN (Société Immobilière de Normandie) ;
– aider les artistes qui sont présents ;
– co-construire l’avenir du quartier avec l’ensemble des acteurs : habitants, associations, Mairie d’arrondissement, Ville de Paris et la SIN.
L’exemple du 6ème arrondissement nous montre que si nous souhaitons préserver l’identité de quartiers, il faut travailler en étroite relation avec l’ensemble des acteurs, y compris privés. Partout où on a entretenu la confrontation, partout les Mairies ont fini par abandonner le combat par manque de moyens ou de volonté.
C’est pourquoi, avec Rachida Dati, nous préconisons le plan d’action suivant :
– Mise en place immédiate d’un droit de regard de la Mairie sur toutes les nouvelles installations pour y maintenir des artistes et des artisans
– Organisation moins de deux mois après l’élection d’une table ronde entre la Ville de Paris, la Mairie du 10ème arrondissement, les associations concernées et la SIN. Nous avons les moyens de la contraindre s’il le faut. L’objectif sera de dévoiler les intentions et le projet de la SIN dans ce quartier. Cette réunion devra ensuite continuer tous les deux mois pour faire le point sur les évolutions
– Sélection stricte des commerçants pour les locaux gérés par des bailleurs sociaux dans le quartier
– Vigilance renforcée sur le respect de la loi sur l’augmentation des loyers, quitte à engager la responsabilité pénale du bailleur si elle n’est pas respectée : pendant la période des trois ans après la reprise et au moment du renouvellement du bail
– Vigilance renforcée sur la transformation des locaux et des devantures
En parallèle, nous mettrons en place des mécanismes de soutien aux artistes et artisans :
– Fonds de soutien permanent pour aider les artistes, artisans et commerçants quand ils ont des pertes de revenus exceptionnelles
– Création d’un label « Devanture parisienne » en partenariat avec la Caisse des Dépôts pour ceux qui s’engagent en faveur de la préservation du caractère de nos quartiers. Cela évitera qu’il y ait les transformations des locaux qui sont en train d’apparaître dans votre quartier
– Diminution des taxes
Il est également important de les protéger contre la location de meublés touristiques de courte durée dans cette zone :
– Obligation des plateformes de faire la démonstration de leur volonté d’être conformes à la législation : au moment de l’inscription, les propriétaires devront inscrire le numéro de contribuable ou le numéro de la SCI
– Augmentation du nombre de contrôleurs à la Mairie de Paris (ils sont seulement 30 aujourd’hui)
– Réduction du nombre de nuités autorisées en accord avec le Gouvernement
Il faut que les associations puissent jouer pleinement leur rôle de lanceur d’alerte et que la Mairie d’arrondissement puisse fournir les conseils juridiques demandés et servir de relais efficace auprès de la Mairie centrale. C’est pourquoi, dans le 10ème, je repenserai la relation entre la Mairie et les associations en la basant sur deux principes : la proximité et la réactivité. Je lancerai ainsi :
– Le « Comptoir du 10ème » en Mairie, sur Internet et en mobilité pour les informer, répondre à leurs questions et les accompagner au quotidien
– Les « Cafés mensuels du Maire » pour faciliter les échanges d’informations entre les acteurs de terrain et les équipes en Mairie
– Enfin, l’adjoint au commerce du 10ème devra être présent à chaque réunion et devra rendre des comptes aux associations et aux habitants tous les mois
C’est la combinaison de ces mesures qui nous permettra de construire ensemble le futur de ce quartier tout en préservant son identité et en protégeant ceux qui y travaillent actuellement.
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Pierre Henry, liste « Le Nouveau Paris »
Nous croyons que la diversité des commerces fait la diversité des quartiers. Nous nous sommes clairement engagés à la maintenir et à la préserver.
S’il faut avoir en tête que les possibilités d’action de la mairie sont limitées, elles n’en existent pas moins.
D’une part, nous pensons qu’il faut renforcer les politiques en faveur du maintien de l’artisanat et du commerce, notamment au travers [de] l’action de la SEMAEST – la possibilité de préempter baux et murs doit être rendue effective. Également, les loyers demandés doivent être réajustés à la baisse, pour rester accessibles aux artisans/commerçants et ne pas alimenter l’inflation des loyers commerciaux à Paris !
Concernant la place Sainte-Marthe, nous avons conscience que le cadre actuel ne permet plus d’intervenir sur la transaction réalisée. Nous avons cependant noté que, dans le cadre du PLU de la ville de Paris, le quartier Sainte-Marthe apparait comme une zone de protection de l’artisanat particulière. Nous ne retrouvons pas cette information sur le site de la mairie du 10ème.
Ce classement a pour conséquence que la foncière ne peut pas signer de nouveaux baux avec des activités autres qu’artisanales.
De manière plus générale, la mairie est compétente sur l’aménagement urbain, ce qui lui permet d’ouvrir des discussions avec les investisseurs ; il revient à la mairie d’utiliser pleinement les compétences qui lui sont dévolues pour préserver les équilibres des quartiers, ce que nous nous engageons à faire.
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En souhaitant bon vote à tous.