Le quartier Sainte-Marthe dans la campagne des municipales

Le 13 février, les associations OCBaux et Saint-Louis Sainte-Marthe se sont réunies pour s’adresser aux candidats à la mairie du 10e en leur demandant de concrétiser leurs engagements pour le quartier, actuellement sous la menace d’une opération de spéculation immobilière de grande envergure (en effet, la Société immobilière de Normandie, propriétaire d’une grosse centaine de lots, dont 80 locaux d’activité en rez-de-chaussée, est passée fin octobre sous le contrôle de la société d’investissement Edmond Coignet, spécialisée dans la « valorisation immobilière »).

Les candidats étaient priés de s’exprimer notamment sur les trois points du vœu dans lequel l’exécutif municipal exprimait en novembre dernier, en Conseil de Paris, son souhait :
– de préserver l’identité du quartier par le maintien des artistes et artisans déjà en place et de favoriser l’installation de nouveaux artisans et artistes dans les locaux vides ;
– d’étudier les dispositions à prendre pour que la Ville se substitue à l’acheteur de la SIN ;
– d’organiser « dans les meilleurs délais » une rencontre (qu’on attend toujours) avec les nouveaux propriétaires et gérants de la SIN pour « clarifier leurs intentions ».
et sur deux propositions issues des habitants :
– que les rues Sainte-Marthe et Jean-et-Marie-Moinon soient jumelées avec le Pôle d’activité artisanale qui devrait voir le jour à Belleville en 2021 ;
– qu’après les OPAH des années 1990-2000 (20 millions d’euros d’argent public donnés aux propriétaires pour sortir les rues Sainte-Marthe et Moinon de l’insalubrité), le quartier Sainte-Marthe devienne aujourd’hui un quartier pilote sur le contrôle du prix de vente du foncier et l’encadrement des loyers.

Nous publions ci-dessous, par ordre d’arrivée, les réponses reçues, déjà diffusées aux membres des deux associations, mais qui peuvent nous intéresser tous.

Alexandra Cordebard, liste « Paris en commun » :

Par courrier du 13 février dernier, vous avez souhaité m’interroger sur les mesures que je souhaite mettre en œuvre pour permettre, lors du prochain mandat municipal, de maintenir la singularité du quartier Jean et Marie Moinon – Sainte-Marthe, aujourd’hui menacé par la spéculation immobilière.

Je veux une fois encore vous dire mon soutien personnel et celui de mon équipe aux combats que mènent vos deux associations pour la préservation du quartier, de sa mixité sociale, de ses artisans et commerçants, et pour la défense des locataires de la Société Immobilière de Normandie (SIN).

Ces combats rejoignent d’ailleurs les préoccupations, plus larges, de notre majorité, qui n’a eu de cesse ces dernières années d’investir dans les quartiers populaires, dont le quartier Sainte-Marthe, pour la préservation du patrimoine ouvrier, la construction de nouveaux logements sociaux et qui s’est engagée pour la mise en place, puis le rétablissement, de l’encadrement des loyers, le maintien des classes populaires et des classes moyennes dans Paris intramuros, et la résorption de l’habitat insalubre.

Il n’en reste pas moins que la situation créée par la vente de la SIN à une société spécialisée dans la gestion d’actifs immobiliers a mis en lumière les lacunes de la législation actuelle en matière de protection de l’artisanat et de protection des locataires, notamment de baux commerciaux, dans le cadre d’une opération de spéculation immobilière.

J’en veux pour preuve le fait que le changement de propriétaire de la SIN, bien qu’étant intervenu de manière légale, n’a à aucun moment été porté à la connaissance des pouvoirs publics, interdisant de fait toute procédure de préemption ou de régulation à l’échelle du quartier. Cela est d’autant plus incompréhensible que la Ville de Paris était prête au rachat de la SIN et de ses actifs, et l’avait fait savoir à ses anciens propriétaires.

Depuis ce transfert de propriété, notre action s’est prioritairement concentrée sur la protection des locataires de la SIN menacés par des procédures d’expulsion ou de non-renouvellement de leur bail. Je suis ainsi intervenue auprès du nouveau propriétaire, et j’ai obtenu de sa part la suspension de procédures en cours contre certains locataires.

En parallèle, et à ma demande, la direction de l’urbanisme de la Ville a rappelé à la SIN l’ensemble des protections existantes dans le quartier (protection des « Maisons et Villas » qui impose des règles strictes en cas de travaux, protection particulière de l’artisanat pour la location des locaux commerciaux, obligation de création de logements sociaux en cas d’opération de construction ou de réhabilitation d’importance), ainsi que ses obligations vis-à-vis de ses locataires et de la municipalité.

Anne Hidalgo, qui est venue à votre rencontre au mois de janvier, a interpellé directement le propriétaire de la SIN pour lui indiquer qu’elle se tiendrait aux côtés des habitants, des artistes et artisans du quartier si ses actions dénaturaient le quartier et bouleversaient son équilibre actuel. Cette interpellation a également été l’occasion de redire au nouveau propriétaire que la mairie du 10earrondissement était disponible pour une rencontre tripartite avec ses locataires.

Enfin, j’ai aussi souhaité mettre en valeur les savoir-faire du quartier en accueillant, à la mairie du 10e, l’exposition des artistes et artisans du quartier, que je souhaite voir réinvestir les lieux régulièrement.

Je suis par ailleurs déterminée à empêcher toutes les manœuvres d’éviction spéculative qui pourraient être engagées contre les locataires de la SIN. Je souhaite ainsi que la Ville fasse prévaloir, quand cela sera nécessaire, son droit de préemption et que le quartier puisse intégrer le dispositif de préemption des baux commerciaux, dont le principe a été validé par le Conseil de Paris et que je souhaite voir devenir opérationnel rapidement.

S’agissant toujours de l’avenir, sachez que je soutiens votre proposition de rejoindre le futur pôle artisanal de Belleville qui comprendra à terme, sur son site du 20arrondissement, 1800 md’ateliers réservés aux artisans, financés par la Ville de Paris. L’intégration des artisans du quartier Sainte-Marthe dans ce nouvel écosystème leur permettra de mieux faire connaître leurs activités et savoir-faire, de bénéficier par exemple du label « Fabriqué à Paris » et leur offrira de nouveaux débouchés indispensables à la pérennisation de leurs activités.

Enfin, s’il n’existe pas aujourd’hui de dispositif légal encadrant le prix de vente du foncier privé et donc de possibilité de le mettre en place dans le quartier, je soutiens sans réserve les propositions d’Anne Hidalgo en matière de logement. Ainsi, nous créerons une société immobilière mixte chargée d’investir 20 milliards d’euros en 6 ans et qui proposera des loyers 20 % inférieurs aux prix du marché, nous poursuivrons notre politique de production et d’achat de logements pour atteindre 25 % de logements sociaux à Paris en 2026 (soit environ 1.500 logements sociaux supplémentaires dans le 10earrondissement), nous favoriserons l’accession sociale à la propriété avec la vente de 6.000 logements à moitié prix par dissociationdu foncier et du bâti, et nous créerons une garantie de la Ville de Paris pour les loyers des artistes non-salariés.

Nous proposerons également aux Parisiens de se prononcer par référendum sur l’orientation de la Ville en matière de locations saisonnières de type Airbnb. Je suis pour ma part favorable à une limitation stricte de cette activité à 30 jours par an. Cette limitation doit permettre aux Parisiens, en particulier de la classe moyenne, de continuer à toucher des compléments de revenu dans une ville ou l’accès au logement reste difficile, tout en permettant de remettre sur le marché locatif parisien, l’essentiel des près de 60.000 logements aujourd’hui mis à la location sur les plateformes de location et qui sont responsables de la hausse des prix à Paris, aussi bien à l’achat qu’à la location.

Vous l’aurez compris, mon équipe et moi-même resterons mobilisés à vos côtés. Je reste pour ma part à votre écoute et à votre disposition pour continuer à travailler avec les habitants sur le devenir du quartier.

Je vous prie d’agréer, Mesdames les Présidentes, l’expression de mes sentiments dévoués.

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Pierre-Yves Zentar, liste « Parisiennes, Parisiens »

Je considère le sujet de la diversité de nos quartiers comme prioritaire pour la ville de Paris. Comme je vous le disais, s’il y a des arbitrages budgétaires à faire, je préférerais renoncer au réaménagement d’une place pour soutenir un quartier. Certains travaux peuvent attendre, recréer la richesse humaine de certains quartiers serait impossible si nous la laissons disparaître.

À titre personnel, la défense de la diversité sous toutes ses formes est la raison de mon engagement en politique, et en particulier dans un mouvement citoyen. Je pense que tous ensemble nous pouvons travailler à une ville plus heureuse et plus juste.

Il me semble important que la notion de qualité de vie et de plaisir n’échappe pas aux quartiers les plus difficiles, c’est un enjeu essentiel de justice sociale.

Notre ville manque parfois d’éducation et de plaisir, les activités artistiques offrent les deux.

Concernant les actions concrètes :

– À très court terme : convoquer la société Edmond Coignet devant un panel constitué des différentes listes candidates aux élections municipales et des associations. Obtenir des clarifications concernant le projet de cet investisseur → spéculation, rendement locatif ?

– Mettre en place suite à cette entretien un comité d’évaluation mensuel, pour analyser l’évolution de la situation. Ce comité devrait inclure les associations et des personnalités pouvant apporter leurs compétences. Il doit également s’assurer d’être en lien avec les médias.

– À moyen terme : s’assurer que le PLU soit parfaitement en adéquation avec l’objectif de maintien de la diversité dans le quartier. Demander les modifications nécessaires si ce n’est pas le cas.

– Création d’une foncière de la ville de Paris dédiée à investir dans la diversité des quartiers.

– Créer un lieu d’exposition permanent dans le quartier afin de permettre aux artistes et aux artisans de montrer leur savoir faire. Ce lieu doit être financé par la ville de Paris, mais géré par des acteurs locaux. Il doit également avoir pour vocation de redynamiser le quartier afin d’avoir un impact positif sur les commerces indépendants, les restaurants et les bars du quartier.

*

Hugo Roëls, liste « Décidons Paris »

Je vous remercie pour votre interpellation et vous assure de notre total soutien dans votre lutte. Par votre courrier du 13 février dernier, vous attirez particulièrement notre attention sur les menaces qui pèsent depuis quelques mois sur le quartier Sainte Marthe, en cette période de campagne pour les Municipales à Paris.

Nous tenons tout d’abord à vous remercier et à saluer votre ténacité et votre inventivité.

En effet, vous avez su trouver l’énergie et les moyens pour vous mobiliser ensemble artistes, artisans et habitants du quartier Sainte Marthe pour alerter les pouvoirs publics, et engager de nombreuses actions collectives. Danielle Simonnet conseillère de Paris sortante et candidate à la Mairie de Paris dans le 20ème arrondissement ainsi que les candidat.e.s de notre liste Décidons Paris 10ème ont été présent.e.s à vos côtés dans toutes les actions dont vous avez pris l’initiative : conférences de presse, exposition sur l’histoire du quartier, sapin des luttes, casserolade, exposition des œuvres des artistes et artisans du quartier à la Mairie du 10ème et une magnifique table ronde-débat le 29 février 2020 sur les enjeux de la ville de demain.

Nous sommes inquiets, avec vous, des menaces qui pèsent aujourd’hui sur le quartier Sainte Marthe, mais également sur d’autres quartiers parisiens.

Nous pensons en effet que Paris court à la catastrophe écologique et sociale si nous ne changeons pas de cap et si nous ne sortons pas de la vision économique périmée et dangereuse qui repose sur la croissance et l’attractivité.

Nous ne supportons pas que des personnes dorment encore dans la rue ou des logements insalubres alors que AIRBNB étend son pouvoir sur la ville et que le 10e compte 7 000 logements vides. Les conséquences de la prise de pouvoir de cette plateforme numérique dans notre ville comme dans d’autre grandes villes du monde sont la spéculation immobilière, la hausse des loyers faisant partir les habitants les moins fortunés ainsi que nos artisans et nos artistes.

Les habitants et professionnels ont raison de s’inquiéter de l’investissement des locaux commerciaux pour des activité de type AIRBNB à Paris. L’actuelle majorité s’est d’ailleurs émue de l’affaire et elle demande des leviers législatifs.

Or, nous avons affaire à des prédateurs qui chassent les habitants et les professionnels du cœur des villes.  Nos quartiers risquent d’être défigurés si nous laissons Paris devenir une vitrine touristique. Par honnêteté, nous devons vous dire qu’une municipalité, y compris Paris, n’a pas aujourd’hui les leviers pour faire échec à l’action de ces groupes, notamment protégés par des directives européennes (directive Services, directive e.commerce).

Les litiges entre les villes européennes et AIRBNB sont actuellement tranchés en faveur d’AIRBNB.

Nous n’aurons pas, si nous sommes élus, tous les leviers au sein de la municipalité pour lutter contre la spéculation immobilière et l’augmentation des loyers. Mais nous mettrons toute notre énergie pour construire un rapport de force suffisant. Nous pensons qu’une puissante mobilisation, relayée par des élu.e.s de combat, peut faire plier l’adversaire.

Envisager un plafonnement des loyers des locaux commerciaux est une piste à travailler, mais un plafonnement dans ce domaine est bien plus complexe qu’en matière de location de logement. D’autant que les expérimentations en ce sens sont particulièrement timides et tardives. Le plafonnement du loyer est déjà par ailleurs prévu dans la législation du bail commercial.

Nous serons aux côtés des artistes et artisans pour que leurs droits soient respectés. Nous pourrons aussi travailler ensemble à trouver les leviers utiles au respect des zones protégées « artisanat », étendre ces zones, et investir dans des biens fonciers appartenant à la collectivité et utiles à l’exercice des activités artisanales et artistiques, réserver des RDC immeubles sociaux ou dédier même des bâtiments communaux comme le propose notre  programme culture.

Notre liste de candidat.e.s à Paris 10ème s’engage à utiliser tout le champ du pouvoir municipal pour que la ville soit l’espace où se nouent et se construisent les relations sociales.

Nous voulons remettre au cœur l’échange, le partage, le savoir et l’entraide et libérer la ville de l’emprise de l’argent.

Je vous adresse mes salutations sincères et, au nom de la liste Décidons Paris 10, tout notre solidarité dans votre lutte.

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Sylvain Raifaud, liste « L’écologie pour Paris 10e »

Nous accusons réception de votre courrier du 13 février nous interrogeant concernant la position de la liste « L’écologie pour Paris 10e » vis-à-vis des opérations immobilières spéculatives en cours dans le quartier Sainte Marthe.

Depuis le début de la construction de notre programme pour les élections municipales, l’avenir du quartier figure en première ligne de nos propositions pour l’arrondissement : nous nous engageons à y créer un quartier municipal d’artisans et d’artistes. Nous soutenons ainsi les propositions des habitants de créer un pôle d’activité artisanale et artistique, qui pourra être jumelé avec d’autres pôles à Paris ou ailleurs, sur l’impulsion de ses acteurs.

Nous réaffirmons notre engagement pour le quartier et son avenir, dans la même ligne exprimée lors de l’adoption en novembre 2019 du vœu par le Conseil de Paris que vous citez dans votre lettre et que nous avons initié. Le quartier Sainte Marthe représente pour notre liste un grand projet qui nous occupera pendant la mandature à venir et qui sera travaillé en lien étroit et permanent avec vous.

Déclarer son soutien moral ne suffit pas ; nous regrettons que la Ville ait refusé de se substituer à l’acheteur de la Société Immobilière de Normandie (SIN)quand il était encore possible de reprendre les biens de cette société, pour un montant raisonnable.

Concrètement et à court terme, il est temps d’initier un dialogue, encadré juridiquement, avec la SIN et l’intégralité des acteurs économiques qui la composent.

Nous nous engageons à participer au soutien juridique et à la mobilisation, pour clarifier la situation concernant les baux, l’administration des biens, la situation des syndics, etc. et s’assurer du strict respect du cadre juridique de toute opération immobilière.

En tant que nouveaux élus, nous ferons instruire le dossier en le versant au Plan d’Investissement de la Mandatureafin de réaliser cette opération immobilière d’envergure, et nous demanderons un accompagnement juridique officielavec le concours des services et opérateurs de la Ville de Paris. Les déclarations d’intention d’aliéner (DIA) émises par la SIN seront traitées avec attention, afin d’étudier systématiquement la possibilité dans chaque cas de préempter les locaux, logements et baux commerciaux.

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Bertil Fort, liste « Rejoignez le changement pour le 10ème » :

Je tenais tout d’abord à vous féliciter pour votre travail au service de votre quartier, des artistes qui y travaillent et des personnes qui y habitent. Vous contribuez à préserver l’esprit et l’identité de notre 10ème arrondissement.

Je souhaitais également vous remercier pour notre rencontre du 27 février. Cela nous a permis d’alimenter et d’affiner notre projet pour Paris.

S’agissant du quartier Sainte-Marthe et Moinon et la lutte contre la spéculation immobilière, il s’agit d’un combat important parce qu’il donne le ton sur ce que nous souhaitons pour l’avenir du 10ème : voulons-nous un arrondissement « gentrifié » avec des commerces que l’on pourrait retrouver n’importe [où] ou un arrondissement qui aura su se transformer tout en préservant son identité et en protégeant ceux qui y habitent et y travaillent ? Avec Rachida Dati, nous souhaitons la deuxième option.

S’agissant de ce dossier en particulier, nous partageons probablement tous la même vision. Toutefois, avec Rachida Dati, nous ne resterons pas dans la posture. Nous reprendrons le dossier en urgence et nous mettrons en place une nouvelle méthode : plus pragmatique, plus transparente et plus constructive.

Bien que nous ne ferm[i]ons pas la porte à la préemption ciblée de locaux commerciaux ailleurs dans le 10ème, il nous semble difficile de parvenir à faire de la « préemption renforcée »… C’est un mécanisme complexe avec peu de chances de succès. Pour le quartier Sainte-Marthe et Moinon, il y a urgence ! La priorité est surtout de :

– clarifier la situation avec la SIN (Société Immobilière de Normandie) ;
– aider les artistes qui sont présents ;
– co-construire l’avenir du quartier avec l’ensemble des acteurs : habitants, associations, Mairie d’arrondissement, Ville de Paris et la SIN.

L’exemple du 6ème arrondissement nous montre que si nous souhaitons préserver l’identité de quartiers, il faut travailler en étroite relation avec l’ensemble des acteurs, y compris privés. Partout où on a entretenu la confrontation, partout les Mairies ont fini par abandonner le combat par manque de moyens ou de volonté.

C’est pourquoi, avec Rachida Dati, nous préconisons le plan d’action suivant :

Mise en place immédiate d’un droit de regard de la Mairie sur toutes les nouvelles installations pour y maintenir des artistes et des artisans
Organisation moins de deux mois après l’élection d’une table ronde entre la Ville de Paris, la Mairie du 10ème arrondissement, les associations concernées et la SIN. Nous avons les moyens de la contraindre s’il le faut. L’objectif sera de dévoiler les intentions et le projet de la SIN dans ce quartier. Cette réunion devra ensuite continuer tous les deux mois pour faire le point sur les évolutions
Sélection stricte des commerçants pour les locaux gérés par des bailleurs sociaux dans le quartier
Vigilance renforcée sur le respect de la loi sur l’augmentation des loyers, quitte à engager la responsabilité pénale du bailleur si elle n’est pas respectée : pendant la période des trois ans après la reprise et au moment du renouvellement du bail
Vigilance renforcée sur la transformation des locaux et des devantures

En parallèle, nous mettrons en place des mécanismes de soutien aux artistes et artisans :

Fonds de soutien permanent pour aider les artistes, artisans et commerçants quand ils ont des pertes de revenus exceptionnelles
Création d’un label « Devanture parisienne » en partenariat avec la Caisse des Dépôts pour ceux qui s’engagent en faveur de la préservation du caractère de nos quartiers. Cela évitera qu’il y ait les transformations des locaux qui sont en train d’apparaître dans votre quartier
Diminution des taxes

Il est également important de les protéger contre la location de meublés touristiques de courte durée dans cette zone :

Obligation des plateformes de faire la démonstration de leur volonté d’être conformes à la législation : au moment de l’inscription, les propriétaires devront inscrire le numéro de contribuable ou le numéro de la SCI
Augmentation du nombre de contrôleurs à la Mairie de Paris (ils sont seulement 30 aujourd’hui)
Réduction du nombre de nuitées autorisées en accord avec le Gouvernement

Il faut que les associations puissent jouer pleinement leur rôle de lanceur d’alerte et que la Mairie d’arrondissement puisse fournir les conseils juridiques demandés et servir de relais efficace auprès de la Mairie centrale. C’est pourquoi, dans le 10ème, je repenserai la relation entre la Mairie et les associations en la basant sur deux principes : la proximité et la réactivité. Je lancerai ainsi :

Le « Comptoir du 10ème » en Mairie, sur Internet et en mobilité pour les informer, répondre à leurs questions et les accompagner au quotidien
Les « Cafés mensuels du Maire » pour faciliter les échanges d’informations entre les acteurs de terrain et les équipes en Mairie
Enfin, l’adjoint au commerce du 10ème devra être présent à chaque réunion et devra rendre des comptes aux associations et aux habitants tous les mois

C’est la combinaison de ces mesures qui nous permettra de construire ensemble le futur de ce quartier tout en préservant son identité et en protégeant ceux qui y travaillent actuellement.

Pour terminer, au-delà de la campagne des municipales, nous espérons pouvoir compter sur vous pour nous aider à porter ces réformes, pour nous aider à affiner certaines de nos propositions et pour nous en suggérer de nouvelles.

*

Karim Amellal, liste « Ensemble pour Paris »

Vous avez souhaité attirer mon attention sur les évolutions du quartier Sainte-Marthe. En tant qu’habitant proche de ce quartier depuis plusieurs années (avenue Parmentier, côté 10ème bien entendu), je suis très attentif à ce qu’il s’y passe et aux préoccupations des riverains.

Le quartier Sainte-Marthe a une valeur historique et patrimoniale importante dans notre arrondissement. Il a fait l’objet d’un engagement public important et je peux vous assurer que je suis très attaché à sa singularité et à son âme, mais aussi bien conscient des difficultés rencontrées.

La vente récente par la société immobilière de Normandie (SIN) des lots qu’elle possédait dans ce quartier à la société Edmond Coignet a suscité de légitimes inquiétudes pour l’avenir du quartier. Il devient la proie d’opérations de spéculation pour le moins critiquables.

Maire du 10ème, je serai très attentif à préserver le caractère populaire et la vocation artisanale de ce quartier. Dès mon élection, j’organiserai une rencontre avec les nouveaux propriétaires afin de mieux cerner leurs intentions et je leur redirai combien ce quartier compte à nos yeux et pourquoi il est essentiel de trouver une solution. Au besoin, si la situation continue de se dégrader, je n’hésiterai [pas] à mobiliser les outils de la Ville, notamment par l’intermédiaire d’une société d’économie mixte (comme la Semaest), pour qu’elle puisse procéder à de la préemption commerciale.

Le quartier Sainte-Marthe, en s’appuyant sur les artistes et les artisans qui y sont installés et avec l’apport du pôle d’activités artisanal qui se créera à proximité en 2021, doit retrouver sa vitalité et son dynamisme.

Sur ce sujet comme sur tous les autres, je puis vous assurer de ma volonté et de ma détermination à œuvrer au service des habitants et des commerçants du quartier. Je ne suis pas un apparatchik de la politique, mais un homme d’idées et d’action. Je me suis engagé dans ces municipales pour contribuer avec efficacité à améliorer notre cadre de vie et à faire de ces quartiers que nous aimons et où nous vivons des lieux plus sûrs, plus propres, plus solidaires et plus apaisés.

*

Pierre Henry, liste « Le Nouveau Paris »

Je fais suite à votre lettre ouverte dans laquelle vous exposez la menace que représente l’achat majoritaire de la SIN de Normandie, qui détient 120 lots dans le quartier Sainte-Marthe, par une société d’investissement, pour l’activité artisanale et artistique du quartier. Plus généralement vous dénoncez les risques de la spéculation immobilière à Paris et sollicitez l’expression de nos engagements pour garantir la préservation de la mixité sociale et le maintien de l’activité d’art et d’artisanat vivant.

Nous avons été en mesure d’échanger oralement avec vous à ce sujet lors de notre visite à Cédric Villani et moi-même le 24 janvier dernier. Avec vous, nous avons apprécié à sa juste mesure la richesse créative du quartier et partagé le constat de la détresse des artisans dont certains ont vu leur bail non renouvelé provoquant le départ de plusieurs d’entre eux.

Nous constatons avec vous les marges de manœuvre limitées des pouvoirs publics. S’agissant d’une opération de droit privé et de l’absence de transaction immobilière par lot, les capacités de préemption de la mairie sont limitées malgré le classement des parcelles en zone de préemption renforcée. Nous prenons acte du classement du quartier dans le PLU en zone de protection du commerce et de protection particulière de l’artisanat, qui permet toutefois de conserver la destination des baux en rez-de-chaussée pour l’artisanat limitant le risque d’évolution brutale du quartier.

Nous souhaitons d’abord exposer ici la démarche éco-progressiste qui est celle de Cédric Villani et la mienne à l’écoute de vos préoccupations : fondée sur une démarche privilégiant la démocratie active et sur une équipe rassemblant une liste de citoyens de la société civile dont une partie sélectionnée par tirage au sort, le seul intérêt que nous défendons est celui des Parisiens.

Pour exercer cette responsabilité de proximité avec intelligence, nous croyons à une démocratie active. Aussi, nous proposerons une charte d’engagements mutuels aux associations, qui verront leur pouvoir d’interpellation des élus accru. Elles pourront faire inscrire des sujets à l’ordre du jour du conseil d’arrondissement ; élus et administration auront l’obligation d’y apporter des réponses.

Les pouvoirs du maire d’arrondissement seront renforcés sur les questions d’aménagement, de propreté et de sécurité afin que cette proximité rime avec amélioration réelle du cadre de vie des habitants.

Le constat que vous faites sur la spéculation immobilière est largement partagé dans l’arrondissement, j’ai pu m’en apercevoir au cours de mes nombreuses consultations avec les acteurs associatifs du 10ème arrondissement. L’équipe municipale sortante n’a pas été capable d’en prendre la mesure et de lutter efficacement contre cela. Afin de mettre à disposition davantage de logements pour les familles et classes moyennes, nous réduirons de moitié le nombre de nuitées AirBnB autorisées, renforcerons les inspections et contribuerons par des mesures fiscales à remettre les logements inoccupés ou classés résidences secondaires sur le marché de la location, par ailleurs nous ferons en sorte d’atteindre 25 % de logements sociaux à Paris en 2025.

L’éviction des artisans est également un signe de délitement de la diversité commerciale. Elle pose la question du soutien à apporter par la ville aux baux commerciaux. Nous relancerons l’opération Vital’Quartier en renforçant les capacités financières de préemption de bail de la société d’économie mixte SEMAEST qui se verra dédier 35 M EUR pour son activité de diversification commerciale et de lutte contre la vacance commerciale.

Le quartier Sainte-Marthe rassemble des artistes qui recèlent une richesse inestimable et doivent être soutenus. Paris, ville lumière, brille en partie grâce à eux. Notre ville doit redevenir une ville hospitalière pour les artistes en leur permettant de se loger, de vivre et de créer à Paris. Nous souhaitons multiplier les expériences telles que la Villa du Lavoir gérée par la RIVP dans le 10ème et qui propose des surfaces d’artisanat pour des loyers modérés. En tout, nous proposons de créer 500 ateliers-logements supplémentaires pour les artistes.

Le patrimoine architectural et immatériel de cette cité ouvrière datant du milieu du XIXsiècle plusieurs fois restaurée est exceptionnel et doit être sauvegardé. Pour assurer la pérennité de l’aspect du quartier, nous étudierons la possibilité de classer les bâtiments comme « bâtiments protégés » au titre de la protection des formes urbaines et du patrimoine architectural dans le Plan local d’urbanisme. Nous soutiendrons les initiatives des habitants telles que les expositions éphémères pour faire connaître le patrimoine immatériel du quartier établi par des générations d’artisans. Nous proposons de valoriser le quartier et ses créations dans une promenade thématique sur Paris et son Histoire.

J’espère sincèrement que cette démarche que nous vous proposons de construire ensemble dès maintenant participera de la confiance que je veux nouer avec l’ensemble des habitants et commerçants du 10ème pour en faire un lieu de vie dynamique, vivant et apaisé, préparé aux enjeux de demain.

 

 

 

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