Il y a un mois, nous annoncions sur la liste de diffusion du collectif le lancement de la concertation publique sur un plan d’action locale face au défi du changement climatique, le 7 octobre, à l’INSEEC, 27 avenue Claude Vellefaux. La Mairie du 10e présentait l’événement ainsi :
« Le dérèglement climatique est une réalité à laquelle Paris doit désormais s’adapter : sa température moyenne pourrait augmenter de 4 °C dans les prochaines décennies. S’il s’agit d’abord de limiter notre impact sur ce phénomène, par de nouveaux modes de vie, il faut donc également se préparer collectivement à de nouveaux risques, auxquels populations les plus vulnérables sont les plus exposées : les luttes contre l’exclusion et le dérèglement climatique sont donc liées.
À cet effet, la ville adoptera cet automne un nouveau Plan Climat afin d’atteindre le 0 carbone en 2050, ainsi que sa première Stratégie de résilience, pour que la cohésion sociale soit au cœur du changement de société. Pour répondre à ces enjeux, il faudra renforcer la solidarité et l’innovation dans nos quartiers.
Le 10e arrondissement, laboratoire du Paris de demain par sa diversité et son dynamisme, se propose d’être territoire pilote pour expérimenter la mise en place de ces stratégies. Pour répondre à ces enjeux, il faudra renforcer la solidarité et l’innovation dans nos quartiers. »
Depuis le 8 octobre et jusqu’au 30 novembre, les habitants de l’arrondissement peuvent poster leurs propositions sur le site d’« idéation » de Mme Hidalgo : https://idee.paris.fr/climat10. Parmi les idées déjà proposées, beaucoup tournent autour de la végétalisation. D’autres veulent favoriser les circulations douces, réduire la pollution de l’air, interdire la pollution visuelle et énergivore des publicités lumineuses.
Tout cela nous ramène à un sujet que nous avons un peu négligé depuis nos posts de janvier (Tribune libre sur la ligne 11) et février (au sujet des deux projets déposés sur la plate-forme du budget participatif 2017 pour la mécanisation de la station de métro Goncourt et un nouvel aménagement de l’espace public à inventer dans le haut de la rue du Faubourg du Temple). Aucun de ces projets n’est arrivé sur le bulletin de vote du budget participatif en septembre, mais nous avons appris entre-temps, fin juin, à la réunion de restitution de la concertation sur le réaménagement du boulevard de Belleville (voté au budget participatif 2016 par nos voisins du 11e et du 20e), que le boulevard sera bel et bien piétonisé (côté 11e), entre la rue du Faubourg de Temple et la rue de la Fontaine au Roi, avec report de la circulation automobile et de ses nuisances par les axes Vellefaux-Parmentier (sous les fenêtres de l’hôpital Saint-Louis et des écoles Vicq d’Azir et Parmentier) et Faubourg du Temple, le nouveau plan de circulation devant être mis en place sans attendre la fin du chantier de la RATP à Belleville et alors que l’inscription de la nouvelle ligne de bus 20 dans les rues du quartier reste elle aussi à inventer. (Voir le résumé en page Documents : https://stopmonop.files.wordpress.com/2017/07/2017-06-27_-bd-belleville_-rc3a9union-publique-compressed.pdf, notamment p. 13-16 et 28 et, sur la plate-forme « Ensemble préparons le 10e au changement climatique » : https://idee.paris.fr/voir-plus-loin-que-le-bout-de-son-nez.)
Bref : contrairement au principe de solidarité proclamé par ceux qui nous consultent sur le plan climat, nos voisins comptent soigner leur bilan carbone en renvoyant les nuisances chez nous, de même que la France, dans le temps, a voulu délocaliser le désamiantage de l’épave du porte-avions Clemenceau en Inde. Le prétexte de fluidifier la circulation boulevard de la Villette (question qui regarde d’ailleurs au premier chef le 10e et le 19e) paraît plus que discutable au vu des chiffres indiqués dans le document cité ci-dessus, qui attestent que la rue du Faubourg du Temple, où l’on prévoit une augmentation de la circulation de 25 à 45 % (de même que l’avenue Claude Vellefaux, où l’augmentation prévue est de 40 %) est d’ores et déjà plus chargée que le boulevard. Le 27 juin, à la Mairie du 20e arrondissement, les maires du 11e et du 20e avaient promis aux habitants du 10e qui avaient exprimé leurs inquiétudes à cet égard une réunion publique inter-arrondissements (10e-11e-19e-20e) à la rentrée sur l’aménagement du carrefour de Belleville, ce qui aurait peut-être permis d’amorcer une réflexion sérieuse. À ce jour, la réunion promise n’est toujours pas programmée et toutes les relances des habitants et du Conseil de quartier à ce sujet sont restées sans réponse. Conscients du trou d’air créé à la Mairie du 10e par les visées électorales d’Elise Fajgeles (entrée à l’Assemblée du 24 juillet) et de Rémi Féraud (entré au Sénat le 24 septembre), nous espérions que le Conseil d’arrondissement exceptionnel du 18 octobre, entérinant Alexandra Cordebard dans la fonction de maire du 10e et Paul Simondon dans celle d’adjoint chargé des Déplacements et de l’Espace public, ferait bouger le dossier. Malheureusement, il n’en est rien.
La semaine dernière, une rencontre fortuite avec Christophe Servat, chargé par la RATP de l’interface avec les habitants du Faubourg du Temple, a mis la cerise sur le gâteau. Nous avons appris :
1° que la RATP a l’intention d’abattre quatre des sept platanes de la rangée qui va du boulevard à la rue de la Présentation. Le site du Conseil de quartier en rend compte ainsi :
« Il s’agit d’arbres parfaitement sains, les seuls que compte la rue du Faubourg du Temple sur toute sa longueur (si l’on excepte les deux survivants à l’installation, par la RATP toujours, d’une grille d’aération sur la placette au carrefour avec le bd Jules Ferry). Ils ne se trouvent pas sur l’emplacement d’une trémie. Leur suppression a pour seul but de faciliter la manœuvre des engins de chantier pendant les huit jours que prendra l’élargissement de l’emprise actuelle sur le Faubourg du Temple.
Alors que dans le 10e on nous demande de participer à l’« idéation » sur le plan climat, alors que nos voisins du 11e viennent de plébisciter au scrutin du Budget participatif 2017 le projet « Végétalisons le quartier Belleville Saint-Maur », nous trouvons l’abattage de ces arbres incompréhensible et inadmissible.
Nous avons alerté nos collègues du Conseil de quartier Belleville Saint-Maur dans le 11e, grâce à qui Joëlle Morel, maire-adjointe du 11e chargée des Espaces verts, nous a écrit :
“Le cabinet du Maire [du 11e], Pierre Japhet [maire-adjoint du 11e chargé des Transports] et moi-même sommes intervenus auprès de la RATP pour demander que l’entreprise trouve une autre solution pour garer ses engins de travaux publics. Je me renseigne pour avoir des retours et reste à votre disposition.”
Nous demandons au cabinet de notre nouvelle maire Alexandra Cordebard, à Paul Simondon, maire-adjoint chargé des Déplacements et de l’Espace public, et à Sylvain Raifaud, maire-adjoint chargé des Espaces verts, de suivre l’exemple de leurs homologues du 11e.
Les arbres du Faubourg du Temple sont le bien commun de nos deux arrondissements. »
Quatre platanes sur sept, condamnés à disparaître.
2° Que, en vertu d’une convention entre la Mairie de Paris et l’agence de publicité ExterionMedia, nous aurons droit à Goncourt, pendant toute la durée du chantier de la ligne 11, à deux panneaux de pub déroulants de 3 m sur 4 m (d’ores et déjà en service, au droit de la rue d’Aix côté 10e et devant le Crédit agricole côté 11e), et sans doute à autant à Belleville, une fois les arbres abattus. La lecture de la convention nous apprend que l’article L581-16 du Code de l’Environnement destine les palissades des chantiers ou à la publicité ou à l’expression libre des citoyens. Un petit détour par Wikipédia explique que « la ville de Paris, avec 2 268 265 habitants (recensement de 2010), devrait disposer de 1 142 m2 d’affichage libre, soit environ 570 panneaux. Cependant, elle ne respecte pas ses obligations réglementaires : la ville recensait seulement 16 panneaux d’expression libre au 2 janvier 2013. Des panneaux municipaux vitrés sont sous clef et réservés à l’affichage associatif, qui est de fait soumis à autorisation. Seules de rares palissades de chantiers sont disponibles pour l’affichage libre, qui est donc quasi inexistant à Paris. » Et si on réquisitionnait les panneaux pour demander à nos élus de cesser enfin le double langage ?
Où la pub nous cache la République – tout un symbole !