Bilan à bémols bis

Le 27 novembre, les abonnés à la liste de diffusion Stopmonop ont reçu un compte rendu de la dernière réunion de la commission de validation de l’appel à candidatures du projet Bichat-Temple, convoquée le vendredi 25 pour faire l’état de l’entrée en location des commerces. Mis à jour et commenté, il peut introduire notre bilan 2016 :

La réunion s’est déroulée en petit comité, ni Stéphane Bettiol, adjoint au directeur général en charge des politiques patrimoniales et sociales, ni Jacques Larouzée, directeur territorial Nord-Est, n’ayant jugé utile de se déplacer.
On nous a informés que :

– La librairie (lots n° 2-3 : 45 bis rue du Fbg du Temple), seule pour l’instant à avoir signé un bail, espérait avoir terminé ses travaux à la fin de la semaine du 26 novembre (mais il restait des problèmes techniques à résoudre avec SFR et ErDF  reflet du fait qu’en partitionnant les 435 m2 initialement destinés au Monop, Paris Habitat ne s’est jamais senti tenu de rendre les espaces résultants viables). Une ouverture à la mi-décembre était théoriquement possible – pari tenu ; voir : https://www.facebook.com/librairielesnouveautes/ et notre post du 13 décembre. (Malheureusement, le rayon papeterie prévu dans le projet approuvé en octobre 2015, d’une utilité certaine pour tous les habitants du quartier ayant des enfants en âge scolaire, semble être passé à la trappe. Second bémol : l’entrée sur la rue Bichat prévue pour le lot n° 3, impraticable du fait du dénivelé du sol, va servir à la nouvelle librairie de réserve ; espérons, pour la librairie comme pour la rue, que le rideau de fer continuellement baissé n’attirera pas les comportements incivils.)

– Kelbongoo (lot n° 4 : 3 bis rue Bichat), dont on nous annonçait l’ouverture pour mars (voire, l’été dernier, dans la presse, pour « fin 2016 ») risque de n’ouvrir qu’à la mi-mai 2017. Les travaux de gros œuvre, pris en charge par Paris Habitat, ont débuté timidement le 7 novembre et repris sérieusement dans la semaine du 19 (voir page Photos). On nous avait parlé d’une durée de trois mois. Il semble maintenant que cette tranche de travaux ne puisse pas être achevée avant la mi-avril. C’est alors qu’aura lieu la signature du bail. Restera encore à Kelbongoo de finaliser le détail de son installation, ce qui nous amènera à la fin du printemps.

– Le sort de l’association ETM (lot n° 5 : en face du 10 rue Bichat) est entre les mains de la Mairie. Une subvention a été votée en Conseil d’arrondissement pour couvrir le coût de l’aménagement. Pour procéder à la signature du bail, Paris Habitat attendrait de connaître la date prévue pour le début des travaux (afin de faire bénéficier ETM, au maximum, de la période de franchise de loyer). Guy Patachek et Sylvie Lochet, représentant Paris Habitat, ont refusé (pour ce projet comme pour les autres) de nous communiquer le montant exact des loyers négociés au coup par coup. Dans le cas d’ETM, le loyer aussi sera couvert par des subventions. Espérons (contre tout espoir) que les subventions de la Ville ne serviront pas simplement à étayer la spéculation immobilière. (Guy Patachek a été ravi d’annoncer que les loyers dans la rue du Faubourg du Temple étaient repartis à la hausse, en même temps que sa collègue Sylvie Lochet se plaignait des idées que l’exemple du projet Bichat-Temple – la révision à la baisse, en faveur notamment du projet de « halle alimentaire » des loyers initialement alignés sur le haut de la fourchette du privé – semble avoir donné à d’autres candidats à des locaux du bailleur social.)

– Mauvaise nouvelle pour la « poissonnerie à manger » By Sou… (lot n° 1 : 43 rue du Fbg du Temple). Le porteur de projet, qui avait candidaté pour les lots n° 2-3, a dû faire refaire tous ses devis et son tour de table financier en passant sur le lot n° 1, d’où des retards. Guy Patachek dit attendre de sa part un dossier définitif en janvier 2017 et compter sur une ouverture « au printemps ». C’est ce projet qui implique les investissements les plus lourds (notamment pour l’extraction exigée par la cuisine) et qui aura le loyer le plus élevé. Malheureusement, dans son état actuel, le projet n’est plus du tout celui approuvé en octobre 2015. Le projet initial comportait 3 espaces : 1° espace poisonnerie « avec un étalage régulier de poissons frais, où les clients achètent du poisson frais entier ou déjà préparé » ; 2° espace restauration ; 3° espace épicerie fine et traiteur, où le chef comptait vendre notamment ses sauces. Dans la version finale, l’espace restauration a tout absorbé. Reste seulement un coin de comptoir pour la vente des sauces et du poisson préparé, c’est-à-dire (selon le résumé pertinent d’Hélène Duverly, conseillère d’arrondissement déléguée au Commerce et à l’artisanat) de sushi à emporter. Bref, il n’y aura pas de poissonnerie. Paris Habitat impute cela aux « normes », différentes pour un restaurant et pour une poissonnerie – sans doute, mais le porteur de projet était censé le savoir dès le départ, et cela n’explique pas que la balance ait penché du côté de la restauration plutôt que du commerce de bouche. Évidemment, la restauration est plus rentable – plus intéressante donc pour le bailleur. Dans l’état actuel, les représentants des habitants dans la commission de validation n’auraient pas  pu approuver le projet. Ce n’est pas un restaurant de plus (le quartier n’en manque pas) qui ramènera de l’alimentaire dans la rue. Au contraire. De l’avis des quelques commerçants traditionnels qui survivent tant bien que mal au milieu de la mono-activité vestimentaire, il aurait fallu installer dans le cadre du projet Bichat-Temple au moins deux commerces alimentaires pour créer un pôle d’attraction susceptible de renverser la fuite de la clientèle et d’amorcer une évolution positive. Pour le coup, c’est raté.

Le 27 novembre, notre message se terminait sur un « Merci, Paris Habitat ! » Nous avons aussitôt écrit, d’une part, aux responsables de Paris Habitat, pour suggérer un retour au projet initial de poissonnerie, en arguant que « l’installation d’un simple restaurant de plus dans ce tronçon de la rue du Faubourg du Temple qui, depuis le lancement de l’appel à candidatures, en a vu ouvrir trois 1° ne répond pas aux besoins du quartier ; 2° réintroduit, dans le cadre même de l’appel à candidatures, le principe regrettable qui fait des pieds d’immeuble HLM un simple variable d’ajustement financier sans prise en compte du contexte ; 3° risque même de fragiliser la situation de Kelbongoo, qui, relégué dans le local le plus problématique, apparaît plus que jamais comme le projet phare de l’appel », et aux élus EELV et PC qui nous ont soutenus depuis deux ans, en leur rappelant le chemin qui reste à parcourir pour que l’exemple de Bichat-Temple fasse réellement jurisprudence (tant pour l’encadrement des loyers à la baisse que pour la voix donnée en amont à l’expertise citoyenne des habitants). – Pas de réponse de la part des élus. Une fin de non-recevoir très nette de la part de Jacques Larouzée pour Paris Habitat. (Lire l’échange en page Documents.)

Pendant ce temps :
– la structure coopérative de type GIE dont la Mairie a annoncé la création en novembre 2015 pour « améliorer la gestion des rez-de-chaussée des bailleurs sociaux » (2015 DDEESS 277), selon la promesse que Ian Brossat nous avait faite en avril 2015, a été confiée à la délégation d’Olivia Polski, qui freine des quatre fers et semble déterminée à la faire servir, non pas à l’intérêt général des habitants, mais à la « montée en gamme » d’une gentrification qui ne dit pas son nom ;
– la même délégation bloque au niveau de l’Hôtel de Ville les demandes de création de périmètres de préemption des baux rendue possible par la loi Pinel et approuvé par le Conseil d’arrondissement du 10e en mars dernier ;
– un vœu présenté par le groupe EELV au Conseil de Paris à la séance du 26 septembre qui aurait favorisé la concertation dans le cadre du « Contrat de revitalisation commerciale et artisanale (ex-Vital’Quartier 3) – en même temps que les élus EELV et PC du 10e demandaient un bilan des activités de la SEMAEST dans l’arrondissement –  a été amendé par l’exécutif pour remplacer « concertation » par « compte rendu » ;  cela augure mal de la future activité de la Commission extra-municipale sur le commerce et l’artisanat (censée devenir l’organe de la concertation), dont on nous annonçait, début octobre, une nouvelle réunion qui ne semble pas près de se concrétiser
– dans le 20e, nos amis de l’association Carton Rouge (opposée au projet immobilier qui prévoit l’installation d’un Carrefour-Market de 1900 m2 au 92 avenue Gambetta), reçus par Olivia Polski le 15 décembre, avec d’autres associations de l’arrondissement, n’ont obtenu qu’une vague ouverture concernant les 500 m2 que le projet réserve au « petit commerce » et une promesse réitérée de ramener à 400 m2 le seuil de saisine de la CDAC (mesure dont le projet même du Carrefour atteste l’inefficacité et qui laissera le champ libre à la prolifération des « petites » surfaces de la grande distribution)

D’un autre côté :
– le Monop’ chassé de l’angle Bichat-Temple, dont nous avions signalé l’été dernier l’installation au 11-13 boulevard Jules Ferry, a fermé ses portes fin 2016 après moins de six mois d’existence – preuve que les habitants attendent bien autre chose que la multiplication des points de vente du trio Casino-Carrefour-Auchan ;
– la revendication d’une prise en compte de l’intérêt et de la parole des habitants dans l’évolution du tissu commercial parisien ne cesse de s’étendre ; nous avons été contactés par l’association Agir Solidairement pour le Quartier Popincourt qui cherche à fédérer des collectifs et associations dans tous les quartiers concernés par le « Contrat de revitalisation » pour « devenir partenaires de la SEMAEST EN AMONT » ; en perspective, une galette des Rois le samedi 14 janvier au nouveau restaurant d’Augustin Legrand dans le 11e (Le Bréguet) pour discuter le coup ;
– en perspective encore, une réunion publique sur le projet pour le 48 rue Ramponeau et 37 rue Bisson (défense de la métallerie Grésillon et, plus généralement, de l’artisanat à Belleville) le lundi 9 janvier à l’école du 38 rue de Tourtille (préparé par une réunion de la Commission Cadre de vie du Conseil de quartier Belleville au Relais de Ménilmontant, 85bis rue de Ménilmontant, le jeudi 5 à 19 h) ;
– le 31 décembre, l’émission « Chroniques syndicales » sur Radio libertaire (89,4 MHz) a réuni des représentants de Carton Rouge, de Stopmonop, du Groupe des 24.000 (mobilisé contre un projet spéculatif de construction de 24.000 m2 de bureaux dans le 3e), d’ASQP et du CRI, bien décidés à ne pas en rester là.

En période pré-électorale, on ne sait jamais ce qui peut devenir possible. Rendez-vous dans les mois à venir pour traduire dans les faits nos vœux pour un quartier vivant !

3 réactions sur “Bilan à bémols bis

  1. La fermeture du monop’ boulevard Jules Ferry n’a pas grand chose à voir avec ce que les habitants attendent, mais plutôt avec des contraintes juridiques / légales… qu’on s’en réjouisse ou pas, stopmonop n’y est pas pour grand chose.

    • Si vous avez des informations plus précises sur la fermeture, Stopmonop est preneur. Pour l’instant, constatant qu’il s’agit apparemment d’une mesure non pas temporaire mais définitive (l’enseigne a été enlevée) et sachant que Monoprix est une société parfaitement au fait de la législation (s’il y avait eu un problème, normalement, le magasin n’aurait pas été ouvert), nous avons conclu que le chiffre d’affaires n’était pas au rendez-nous et nous nous nous en sommes réjouis – sans du tout nous en attribuer le mérite – comme d’un signe que l’invasion de la grande distribution aura bien une fin et, peut-être, que les habitudes de consommation commencent d’ores et déjà à changer.

      • Une entreprise n’investit pas pour ouvrir un point de vente et le fermer 6 mois plus tard pour CA insuffisant. D’ailleurs, si l’enseigne du Monop a été démontée, l’équipement du magasin est resté en place.
        Vous pouvez demander au responsable du Franprix à l’angle boulevard Jules Ferry / rue de la Folie Mericourt… il saura vous expliquer.

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